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REVUE MUSICALE

Théâtre de l’Opéra : Zaïre, opéra en 2 actes, paroles de MM. Edouard Blau et Louis Besson, musique de M. Véronge de la Nux. — Théâtre de l’Opéra-Comique : la Basoche, opéra comique en 3 actes, paroles de M. Albert Carré, musique de M. André Messager. — Théâtre de l’Odéon : Béatrice et Bénédict, opéra comique en 2 actes, paroles et musique de Berlioz. — Théâtre de l’Opéra : le Rêve, ballet en 2 actes, de M. Edouard Blau, musique de M. Léon Gastinel.

« Mesdames et messieurs, l’ouvrage qu’on vient d’avoir… » L’autre soir, à l’Opéra, quelques spectateurs avaient cru entendre : « l’audace de représenter devant vous. » Ils s’étaient trompés. M. le régisseur a dit, comme toujours : l’honneur de représenter. L’audace eût été excessif ; l’honneur l’est aussi ; le tort aurait peut-être mieux valu. Mais ce tort, si c’en est un, n’est pas trop imputable aux directeurs de l’Opéra, le cahier des charges stipulant expressément qu’ils devront tous les deux ans représenter l’œuvre d’un prix de Rome, choisi par M. le ministre des Beaux-Arts sur une liste dressée par l’Institut. La clause d’ailleurs n’a rien que d’assez naturel : elle sanctionne une distinction qui sans cela risquerait souvent de demeurer purement honorifique ; elle peut un jour ou l’autre révéler, imposer même un chef-d’œuvre. Ce chef-d’œuvre toujours possible, Zaïre ne l’est pas. Mais faut-il s’étonner qu’un débutant ne soit pas un maître ?

MM. Besson et Blau ont réduit en scénario la tragédie de Voltaire. Ils ne l’ont pas fait sans quelque dextérité. Mais qu’avaient-ils besoin de le faire ? Que nous veut une Zaïre après tant d’Otellos ? La pièce de Voltaire n’est elle-même qu’une belle œuvre de second ordre et de