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rencontrés aux Champs-Elysées, MM. Harpignies ou Français, rien de livré au hasard. L’inspiration procède du savoir.

C’est avec la même science que M. Thaulow, ce Norvégien dont M. Carolus Duran a fait un si beau portrait, nous montre les aspects terrestres de son pays dans ces trois excellentes peintures qui sont l’un des attraits du Salon, sa Ferme en Norvège l’hiver, sa Ferme en Norvège l’automne, son Jour d’hiver en Norvège. Cette dernière, un effet de neige, sous le soleil, dans un terrain montagneux, avec une paysanne au costume éclatant, en marche sur le premier plan, est particulièrement surprenante, non-seulement par la vérité brillante et grandiose de l’effet, mais par la solidité du fond, la limpidité atmosphérique, la splendeur de la lumière et la délicatesse des demi-teintes. Dans la section des pastels, les études de M. Thaulow, l’hiver et l’automne, Au bord d’un fleuve, ne sont pas moins saisissantes par leur accent de vérité et leur sûreté de rendu. Les Suédois, MM. Skredsvig et Hagborg, que nous rencontrons depuis plus longtemps à nos expositions annuelles, continuent à montrer un sentiment très vif des belles lumières, l’un dans sa Villa Baciocchi, un jour d’hiver, près d’Ajaccio, l’autre dans ses études de Marée basse et Marée montante. La Belgique est représentée par MM. Courtens, Verstraete, Goethals. Tous trois, par la gravité de l’impression, la liberté et la force de l’exécution, sont bien fidèles à la tradition nationale. La Matinée d’automne, par M. Courtens, brossée en décor, vue à bonne distance, est d’un effet puissant. On a rarement mieux rendu la splendeur dernière des feuillages jaunis et des campagnes empourprées. Le Coup de vent par un temps pluvieux montre la variété de ce talent inégal, parfois trop expéditif, mais passionné et robuste. M. Verstraete anime ses paysages par des figures naïves, bien vues et bien rendues. La Hollande nous donne M. Roelofs, avec son Troupeau de vaches dans les dunes ; la Suisse, MM. Burnand et Baud-Bovy, tous les deux aussi bons animaliers que sincères paysagistes, et qui traitent tous deux, en des pays divers, le même sujet, une descente de troupeaux, l’un en Provence, l’autre dans les Alpes bernoises, M. Eugène Girardet, qui passe avec talent de l’Algérie dans la vallée d’Auge. Nous trouvons aussi au Champ de Mars une bonne partie de la colonie autrichienne de Paris, le regretté Othon de Thoren, avec une intéressante collection de dix tableaux ou esquisses, M. Ribarz, exécutant très habile et voyageur infatigable, qui promène sa virtuosité de Normandie en Hollande, de Picardie en Auvergne, M. Jettel, avec plusieurs bonnes études picardes et bretonnes. Tous trois se rattachent très nettement à l’école française ; il en est de même de M. Pittara, de Turin.