Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 99.djvu/789

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Arpad, Damas et Samarie ont succombé. Jérusalem, que l’exemple de Samarie n’a pas rendue sage, aura le même sort. Le prophète entend, en quelque sorte, la marche de l’ennemi venant du Nord, écrasant tout sur son passage.

Les voilà arrivés à Ayyat,
Ils ont passé à Migron,
Ils confient leurs bagages à Mikmas.

Ils franchissent le passage :
« Ce soir (disent-ils), nous coucherons à Géba ; »
Rama tremble ; Gibeat de Saül est en fuite.

Élève ta voix, fille de Gallim,
Prête l’oreille du côté de Laïsa, pauvre Aniyya.

Madména est en fuite,
Les habhitans de Gébim se sauvent.

« Encore une halte aujourd’hui à Nob ; »
De là ils étendent la main vers la montagne de Sion,
Vers la colline de Jérusalem.

C’est au moment où Assur se croit sûr de prendre Jérusalem que Iahvé saisit sa hache contre lui. Assur était comme un Liban couvert de hautes forêts ; Iahvé le jette à terre et le rase. Les défaites d’Israël ont cela de particulier qu’elles ne sont jamais complètes. Un reste d’Israël est toujours gardé par Iahvé pour servir de noyau à une renaissance, qui sera l’ère du bonheur. Les justes ont été la cause de la victoire ; les justes régneront sous le sceptre d’un roi parfait, qui, dans l’esprit du prophète, est à la fois Ézéchias et le roi idéal de la théocratie future.

Un rameau sortira de la souche d’Issaï,
Un rejeton poussera de ses racines.

Et l’esprit de Iahvé reposera sur lui,
Esprit de sagesse et d’intelligence,
Esprit de conseil et de force,
Esprit de science et de crainte de Dieu.

Il ne jugera pas selon ce que ses yeux croiront voir,
Il ne décidera pas selon ce que ses oreilles auront entendu ;
Mais il jugera les faibles avec justice,
Il rendra des arrêts équitables pour les humbles du pays ;
Il frappera les violens de la verge de sa bouche,
Et du souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant.

La justice sera la ceinture de ses reins,
Et la fidélité le baudrier de ses flancs.