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ETUDES
D’HISTOIRE ISRAÉLITE

LE REGNE D’EZECHIAS
PREMIÈRE PARTIE


I

La destruction de Samarie fut, selon une loi ordinaire de l’histoire, l’exaltation de Jérusalem, sa rivale. Le travail religieux et littéraire qui s’accomplissait par les deux moitiés séparées de Jacob va maintenant s’accomplir par Juda seul. Or, Juda, c’était Jérusalem. La religion d’Israël, jusqu’ici, n’avait pas de nom ; dans la forme que va lui donner le génie hiérosolymite, elle s’appellera le judaïsme. Ainsi concentrée, la force du mouvement religieux allumé par les prophètes acquit un nouveau degré d’intensité. La petite ville de David devint un foyer de création comme il n’y en a pas eu d’autre dans l’ordre religieux. Les problèmes moraux et sociaux s’y posèrent avec une originalité hors ligne. La première religion organisée est en voie de se former ; le christianisme, l’islamisme, le protestantisme, et, mulatis mutandis, le socialisme moderne en sortiront.

Le iahvéisme, l’élohisme et les cultes qui s’y rattachaient, même les disciplines qui, depuis des siècles, constituaient le prophétisme, n’étaient pas encore des religions ayant un principe d’identité qui assurât leur durée. C’étaient des germes énergiques, d’où