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Nous aurions, à ce propos, à étudier de nouveau l’action des peintres étrangers, notamment des Hollandais, des Suédois, des Norvégiens sur notre école. Il y en a de fort distingués aux Champs-Elysées, notamment MM. Charles Mertens, Wentzel, Titcomb, Bosch-Reiz, Hall, Mlles Schwartze, Pearce, Clausen, etc. Nous en rencontrerons un plus grand nombre au Champ de Mars, et ce sera l’occasion d’y revenir. Il faudrait aussi apporter quelque attention à l’importance que prend, avec le paysan et l’ouvrier, l’enfant dans notre peinture contemporaine. Les tableaux qui représentent l’enfant, gai ou souffrant, joueur ou grave, avec un soin et un sérieux qu’on n’y apportait pas autrefois, sont nombreux aux Champs-Elysées ; il y en a de simples et de touchans, comme la Prière dans une école, de M. Boquet ; d’amusans, comme Après le bain, de M. Peel ; Dans le jardin, de Mme Demont-Breton ; Au bord du canal, par M. Geoffroy ; de délicats, comme les pastels de MM. Berton et Léandre ; la Communiante et la Pomme. Sommes-nous arrivés au bout ? Non, sans doute. Pour être juste, il faudrait s’arrêter encore devant des catégories entières d’artistes dont nous n’avons pu parler et parmi lesquels se trouvent quelques artistes supérieurs et beaucoup d’artistes de mérite, les animaliers, par exemple, les peintres de nature morte, les peintres d’architecture. Parmi les premiers, qu’on regarde MM. Julien Dupré, Barillot, Vayson, Pezant, de Vuillefroy, C. Paris, Grier, Truesdel, etc., parmi les seconds, MM. Vollon, Fouace, Bail, Thomas, Rivaire, etc. ; parmi les derniers, MM. Sautai, Lansyer, Saint-Germier, etc., on reconnaîtra que si les Champs-Elysées ont accueilli un trop grand nombre de peintres, ils en ont du moins admis, dans les genres les plus divers, qui font grand honneur à la corporation. Si tous ces maîtres ou petits maîtres avaient eu la facilité de se présenter au public avec un plus grand nombre d’œuvres mieux groupées, comme l’ont fait leurs confrères au Champ de Mars, ils auraient obtenu sans doute le même succès retentissant, avec plus de diversité dans les talens. Ce qui nous console aussi, c’est de trouver déjà autour d’eux un grand nombre d’artistes plus jeunes, qui apportent la même diversité et la même sincérité dans leurs façons de voir et d’étudier, et qui nous promettent pour l’avenir des œuvres sérieuses. Il suffit, pour cela, qu’ils ne se détournent pas de la route droite et sûre et qu’ils n’oublient pas les nécessités traditionnelles de leur art et de leur métier pour s’abandonner à des extravagances sans lendemain.


GEORGE LAFENESTRE.