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Paris a un compte courant dont toutes les opérations sont faites gratuitement par la Banque, et ont embrassé, en 1889, un total d’encaissement de 145 millions de francs.

Nous rencontrons la même gratuité dans les opérations se rapportant aux comptes courans particuliers. La Banque, en effet, outre qu’elle reçoit et paie en espèces ou en billets, fait des compensations par virement d’un compte à un autre. C’est un service qui nécessite une comptabilité minutieuse et un personnel fort nombreux, et pour lequel il n’est rien payé par le public. Or le montant des viremens passés en 1889 a été de 41 milliards, somme énorme dont la manutention entraîne bien quelques risques, intégralement supportés par la Banque. Disons enfin que lorsqu’un compte courant a été crédité d’une somme ayant déjà produit un bénéfice pour la société, cette somme peut être transférée gratuitement dans une succursale quelconque, et que la Banque a ainsi effectué sans commission, en 1889, un mouvement de fonds s’élevant à 1,895 millions.

Pour terminer cette nomenclature, nous ferons remarquer que la Banque, notre premier établissement de crédit, est un des plus gros contribuables de France et ne paie pas moins de 2,270,038 fr. à l’État (chiffre de 1889), en impôts divers : contributions directes, taxe de 3 pour 100 sur le dividende, impôt du timbre sur la circulation, etc. N’est-il pas juste de faire entrer en ligne de compte, lorsqu’on veut présenter à la Banque la carte à payer de son privilège, à la fois ce contingent direct et substantiel au budget des recettes nationales, et les dépenses considérables imposées par l’organisation et le développement de tant de services quotidiens et non rémunérés dont bénéficient en tout temps l’État, la ville de Paris et le public ?


V

Il est encore un chapitre des annales de la Banque que nous n’avons pas ouvert jusqu’ici et qui présente cependant un grand intérêt, celui des services exceptionnels que l’institution a été appelée à rendre à plusieurs époques de son existence, et surtout dans d’inoubliables circonstances. Nous ne rappellerons qu’en passant cette intervention décisive il y a un an, lors de la chute subite, foudroyante, d’une ancienne et célèbre institution de crédit, ces 200 millions avancés en vingt-quatre heures qui permirent de rembourser des déposans affolés et arrêtèrent la panique qui allait s’emparer de la clientèle de toutes les banques. Mais il est impossible de ne pas redire ici un mot du prêt gigantesque, si connue