Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 99.djvu/465

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
POESIE

SONNETS ANTIQUES

NYMPHÉE.


Sic niger, in ripis errat quum forte Caystri,
Inter Ledœos ridetur corvus olores.
MARTIAL.



C’est un vallon sauvage abrité de l’Euxin ;
Au-dessus de la source un noir laurier se penche
Et la Nymphe, riant, suspendue à la branche,
Frôle d’un pied craintif l’eau froide du bassin.

Ses compagnes, d’un bond, à l’appel du buccin,
Dans l’onde jaillissante où s’ébat leur chair blanche
Plongent et, de l’écume, émergent une hanche,
De clairs cheveux, un torse ou la rose d’un sein.

Une gaîté divine emplit le grand bois sombre.
Mais deux yeux, brusquement, ont illuminé l’ombre.
Le Satyre ! .. Son rire épouvante leurs jeux.

Elles s’élancent. Tel, lorsqu’un corbeau sinistre
Croasse, sur le fleuve éperdument neigeux,
S’effarouche le vol des cygnes du Caystre.