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et de Saint-Vincent de Paul, à Paris, de Saint-Paul, à Nimes, et de l’église d’Ainay, à Lyon, précisent trop bien cette heureuse alliance entre l’orthodoxie des intentions et la grâce des moyens d’expression employés pour qu’il ne soit pas superflu de chercher à faire ressortir des mérites que nul sans doute ne songerait à contester.

Nous avons dit que la révolution opérée sous le gouvernement de juillet dans la décoration des édifices par la peinture, avait été due en grande partie à des membres de l’Académie. Un d’entre eux, en effet, l’architecte de Notre-Dame-de-Lorette, M. Lebas, avait pris l’initiative du mouvement en substituant d’un bout à l’autre, pour l’ornement de cette église, l’emploi de la peinture sur place à l’usage traditionnel des tableaux de simple ameublement. Un peu plus tard, c’était à la sollicitation de la compagnie tout entière que le roi et le ministre de l’intérieur, chargé alors du département des beaux-arts, avaient prescrit l’exécution de grandes peintures monumentales dans divers bâtimens civils. Enfin, — il n’y aura que stricte justice à le rappeler ici, — pour les travaux du même genre commandés au nom de la ville de Paris, ce fut surtout grâce à un membre de l’Académie, membre aussi du conseil municipal, M. Gatteaux, que les réformes purent être introduites et les entreprises se poursuivre dans le sens le plus favorable aux intérêts de l’art et des artistes.

Sans lui peut-être, tel peintre, tel sculpteur, tel architecte même, devenu célèbre en quelques aimées, n’aurait pas trouvé aussi sûrement, ni en tout cas aussi tôt, l’occasion de donner pleinement sa mesure ; peut-être, pour ne citer que ces trois noms, Simart, Victor Baltard, Hippolyte Flandrin lui-même, auraient-ils couru le risque de voir leur jeunesse s’écouler dans l’attente de travaux dignes de leurs talens, si, presque au lendemain du jour où ils avaient cessé d’être pensionnaires de l’Académie de France, M. Gatteaux ne s’était spontanément emparé d’eux en quelque sorte pour les révéler à ses collègues du conseil municipal, et obtenir successivement de ceux-ci qu’ils leur confiassent des tâches d’une importance croissante. Quelques années plus tard, tous trois devenaient à l’Académie les confrères de l’homme dont ils avaient été les cliens ; mais si M. Gatteaux dès lors ne voulut plus voir en eux que des égaux, de leur côté ils n’en continuèrent pas moins à le traiter comme si rien n’eût été changé dans leur propre situation, et à garder vis-à-vis de lui en toute occasion une attitude de déférence qui marquait assez leur fidélité au souvenir des anciennes obligations contractées.

Cependant aux pertes que l’Académie avait subies avant la seconde moitié du règne de Louis-Philippe, d’autres étaient venues s’ajouter