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SOUVENIRS
DU
BARON DE BARANTE

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1801-1805

J’avais quitté l’École polytechnique depuis quelque temps déjà. J’allais avoir vingt ans, et, malgré le besoin que mon père avait de moi, il ne voulait pas retarder mon entrée dans une carrière. Nous ne pensâmes plus aux affaires étrangères ; c’eût été une séparation trop longue. M. Chaptal, ministre de l’intérieur, avait eu de bons rapports avec lui et j’étais le camarade de son fils. Je fus placé comme surnuméraire dans la division administrative.

J’étudiais le droit tout en m’occupant de la besogne routinière du bureau ; je cherchais à me faire des idées générales de législation et d’économie politique. Je voyais souvent les anciens amis de mon père.

M. de Narbonne, qui avait été fort lié avec lui, m’accueillait avec la bonté et la grâce qui le rendaient si aimable. Il demeurait dans une petite maison, rue Roquépine, avec la vicomtesse de Laval.

  1. M. de Barante a laissé des Souvenirs dont le premier volume ne tardera point à paraître. Nous en publions quelques pages.