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Ainsi tous les fonds d’État en Europe, et nous n’avons parlé que de ceux qui fournissent un aliment régulier à la spéculation internationale, ont été en progrès pendant cette quinzaine ou ont conservé les cours acquis précédemment, le 3 pour 100 portugais seul faisant exception. Ce phénomène, remarquable surtout à la veille d’une journée révolutionnaire qui a inspiré des craintes sérieuses dans plusieurs pays, et notamment en Espagne et en Autriche, explique la fermeté avec laquelle notre rente 3 pour 100 a résisté à toutes les tentatives des baissiers. Dans quelques jours, la réunion de la chambre va remettre à l’ordre du jour la question de l’emprunt. Le ministre voudrait l’opération immédiate ; un groupe nombreux, sinon la majorité de la commission du budget, préfère l’ajournement après la discussion de la loi de finances. L’affaire du Dahomey ne cause aucune préoccupation bien vive. Cependant, s’il faut une petite expédition, et que la chambre l’autorise, les frais viendront encore grever le budget.

Les fonds argentins ont subi très brusquement la crise que nous avions prévue. La panique a été, il est vrai, de courte durée. La prime de l’or s’était élevée au-dessus de 200 pour 100, les cours des emprunts provinciaux sont tombés de 30 francs en une seule séance. Alors a été annoncée, par télégramme, la démission de tous les ministres ainsi que le remplacement aux finances de M. Pacheco par M. Uriburu. Les Anglais ont vu dans ces modifications le gage d’un heureux changement de système, et le marché des valeurs argentines a pris une physionomie toute nouvelle. La prime de l’or s’est abaissée à 145, et les emprunts de Cordoba, de Mendoza, de Corrientes, de Catamarca, qui avaient reculé jusqu’au-dessous de 300 francs, valent aujourd’hui de 365 à 375 francs.

La Banque de France a un peu faibli sur une certaine réduction des bénéfices depuis le commencement du semestre. Les actions des autres institutions de crédit de Paris n’ont pas été l’objet de négociations plus actives en avril que précédemment. L’assemblée des actionnaires de la Banque de Paris a reçu communication d’un rapport très satisfaisant sur les résultats de l’exercice 1889. Un groupe financier, formé de la plupart des établissemens financiers et de la Société Eiffel, a pris en mains l’affaire du chemin de fer métropolitain. Les deux derniers relevés hebdomadaires de recettes de nos grandes compagnies accusent de magnifiques plus-values sur la période correspondante de 1889. Aussi les actions du Nord, du Lyon, de l’Orléans, ont-elles été recherchées avec une grande faveur ; le Suez, les Omnibus, les Voitures, dont l’assemblée a eu lieu le 29 avril, et a voté un dividende de 50 francs, ont été au contraire négligés. Le groupe des valeurs de cuivre s’est ranimé. La hausse des prix du métal a entraîné celle des actions minières, Rio-Tinto et surtout Tharsis.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.