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au profit de la seule critique ; et aujourd’hui encore certains, savans ne cherchent rien moins qu’à bannir l’hypothèse des recherches relatifs à l’origine ainsi qu’à la signification des symboles, — comme si l’hypothèse n’était pas, dans tous les ordres d’études, un facteur nécessaire du progrès scientifique, sous cette seule réserve de n’être pas donnée comme un fait acquis.

Et cependant, pour qui voudrait reprendre ce genre de recherches, la situation a bien changé depuis trente-cinq ans. Les documens qui permettent de comparer, dans toutes les conditions d’authenticité désirables, les représentations figurées des différens peuples, se sont accumulés dans une telle proportion que désormais le principal obstacle gît dans leur multiplicité et leur dissémination. Il n’y a pas tant d’années que les mémoires des académies fondées dans les principales capitales de l’Europe, et les annales naissantes de quelques institutions archéologiques constituaient, avec certaines grandes publications relatives aux monumens de l’antiquité classique et de l’Egypte, le seul fonds auquel pût s’adresser l’historien du symbolisme.

Aujourd’hui, nous avons partout sous la main, dans des publications qu’on pourra compléter, mais non dépasser en importance et en exactitude, le résultat des fouilles poursuivies simultanément en Chaldée, en Assyrie, en Perse, en Asie-Mineure, en Phénicie, en Afrique, sans oublier La reproduction des monumens découverts ou étudiés à nouveau en Grèce, en Italie, dans l’Inde, dans l’extrême Orient et jusque dans les deux Amériques.

Les recueils d’archéologie, qui ont rendu tant de services à l’étude de l’art antique, se sont multipliés jusque dans les plus petits états de l’Europe. Il n’est pas une branche de cette science, depuis la sigillographie jusqu’à la numismatique, qui n’ait ses sociétés et ses organes particuliers. Grâce surtout à la générosité des gouvernemens, non-seulement les musées se sont enrichis en proportion des découvertes, mais encore les collections les plus importantes font l’objet de catalogues raisonnes qui permettent d’utiliser leurs matériaux même à l’étranger. Enfin des travaux d’ensemble, conçus aux points-de vue les plus variés, viennent centraliser tous ces documens, en rendant ainsi la tâche plus aisée à ceux qui veulent suivre les traces et éclaircir le sens des principaux symboles.

D’autre part, le déchiffrement des inscriptions, le classement et l’interprétation des documens écrits, les progrès généraux de l’histoire, et particulièrement de l’histoire religieuse, en nous éclairant sur les croyances des peuples, nous permettent de mieux établir le rapport de leurs symboles avec leurs mythes et leurs cérémonies,