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pas moins à des actes de dictature et de défense. En même temps qu’il a créé un nouveau ministère de l’instruction publique sous le prétexte, un peu naïf, d’éclairer le peuple portugais pour le préparer à exercer utilement ses droits, il a promulgué toute une législation nouvelle de répression sur la presse, sur les réunions. Il vient de fermer les cercles républicains, les loges maçonniques.

Voilà bien des choses à la fois ! Le gouvernement a cru, sans doute, à la nécessité de se défendre, de défendre la monarchie. On peut aller loin dans cette voie ! Si le gouvernement de Lisbonne rencontre des résistances, si les protestations qui ont déjà commencé prennent un caractère plus sérieux, que fera-t-il ? C’est une expérience de plus qui s’ouvre, elle peut être périlleuse pour la paix intérieure du Portugal, pour la monarchie elle-même qui semble avouer ainsi qu’elle n’a d’autre défense que la dictature contre des révolutions nouvelles !


CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La liquidation de fin mars s’est passée dans les conditions les plus favorables, comme nous le faisions prévoir à cette place il y a quinze jours. Argent très abondant, nouvelles politiques rassurantes, bonne tenue des places étrangères, découvert local à exploiter, tout contribuait à rendre possible un mouvement de hausse sur la rente française, immobile depuis trois mois aux approches du cours rond de 88 francs. Le report, qui était déjà très bas, a fait place à un déport de 0 fr. 05 à 0 fr. 06 ; les spéculateurs, qui s’étaient mis à la baisse sur les conséquences éventuelles de la démission de M. de Bismarck, ont dû racheter. La réponse des primes s’est faite au-dessus de 88 francs, le cours de compensation a été établi à 88.50, et la progression s’est continuée jusqu’au cours de 89 francs, déjà dépassé dans la Bourse du 12 courant.

Des achats considérables, en partie pour le compte de caisses publiques, ont aidé à cette avance si importante des cours de notre grand fonds d’état, avance à laquelle se sont associés les deux autres types de rente française, 3 pour 100 amortissable et 4 1/2 convertissable en 1893. La grande abondance des capitaux disponibles, et le