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C’est une sorte de cassette en grès-cérame, ayant la forme d’un petit cercueil et mesurant 0m, 45 en longueur, 0 m,25 en largeur et 0 m,27 en hauteur. Elle coûte 10 francs ; mais les familles sont libres de se fournir ailleurs et d’adopter la forme qui leur convient. Lorsque les cendres sont renfermées dans cette petite caisse, on la scelle avec un ruban dont les deux extrémités sont réunies par une plaque de plomb aux armes municipales et portant pour exergue : Ville de Paris. Ces cassettes funéraires sont destinées à être renfermées un jour dans un columbarium ; mais il n’est pas encore construit, et, en attendant, lorsqu’on ne peut pas les déposer dans une sépulture de famille, on les enfouit tout simplement dans la fosse commune.

On ne s’est pas borné à autoriser la crémation, on a tout fait pour aplanir les difficultés qu’elle pouvait rencontrer dans la pratique. Le décret du 27 avril 1889 a réduit au minimum les formalités à remplir. Aux termes de son article 17, « l’autorisation d’incinérer est donnée par l’officier de l’état civil du lieu du décès, sur la demande écrite du membre de la famille ou de toute autre personne ayant qualité pour pourvoir aux funérailles. » Cette demande doit être accompagnée d’un certificat du médecin qui a traité le défunt dans sa dernière maladie et d’un rapport d’un médecin assermenté commis par l’officier de l’état civil pour vérifier les causes du décès. Ces deux pièces doivent attester que la mort est le résultat d’une cause naturelle. A Paris, la préfecture de la Seine a commissionné un médecin spécial pour cette certification. Sa mission consiste à s’enquérir s’il n’existe aucun indice qui permette de soupçonner un crime et qui puisse motiver une expertise médico-légale. C’est la seule formalité particulière à la crémation.

La municipalité de Paris s’est attachée, de son côté, à mettre la nouvelle coutume à la portée de tout le monde. Elle a fait rédiger une notice très détaillée où tout ce qui concerne la crémation est exposé en termes précis et qu’on remet dans les mairies à toute personne venant y déclarer un décès[1]. Elle a fixé à 50 francs la taxe uniforme à payer par les familles, indépendamment du prix de l’urne et des frais décoratifs, qui varient de 12 à 200 francs, suivant la classe dont on a. fait choix. Cette redevance donne droit à la jouissance, pendant cinq ans, d’une case dans le columbarium à construire. Elle n’est exigible que des personnes qui ont les moyens de les acquitter. Quant aux indigens, ils sont brûlés pour rien. Tout est gratuit pour eux, même le certificat médical, La ville a supprimé les frais d’exhumation pour les corps qui seront retirés

  1. Délibération du conseil municipal du 30 décembre 1889.