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à fait neutres dans cette affaire. En se trouvant à Spa avec le feu roi, ils l’ont entendu s’entretenir souvent de ce projet, comme l’un de ceux qui paraissaient lui tenir le plus à cœur et dont l’accomplissement pouvait le mieux cimenter la bonne harmonie et la bonne intelligence entre les deux maisons et les deux États.

Or, si ce projet est la conception du feu roi votre père, comment ce prince aussi éclairé que rempli de tendresse pour son fils aurait-il pu imaginer ce qui tôt ou tard aurait pu nuire à Votre Majesté dans l’esprit de son peuple ou lui aliéner l’affection de ses sujets ? Que ce même projet fût l’effet d’une longue et profonde méditation de son esprit, toutes ses actions ne le prouvent que trop. À peine eut-il raffermi l’autorité dans ses mains, qu’il fit porter à la diète la loi solennelle d’une tolérance universelle de toute religion, de manière à dissiper à jamais, à cet égard, toutes ces obscurités enfantées par les siècles de fanatisme et d’ignorance, et qu’il ne serait ni sage ni glorieux de renouveler dans le temps présent. À la diète de Gèfle, il mit ses desseins encore plus à découvert en libellant et en décidant avec les plus affidés de ses sujets que, dans le mariage de son fils et de son successeur, la considération de la splendeur de la maison à laquelle il s’allierait devait l’emporter sur tout autre, que la différence de religion n’y porterait aucun obstacle.

Rapporterai-je ici une anecdote de cette même diète de Gèfle qui est parvenue à ma connaissance et que tout le monde certifiera à Votre Majesté ? Lorsqu’il a été question de fixer une contribution à ses sujets à l’époque de son mariage, on avait mis dans l’acte rédigé à cet égard : lors du mariage du prince royal avec une princesse luthérienne. Les évêques, faisant lire le projet de cet acte, y firent effacer de leur propre mouvement les mots : avec une princesse luthérienne.

Daignez enfin vous fier à l’expérience de trente ans de règne, pendant lesquels j’ai réussi dans la plupart de mes entreprises. C’est cette expérience jointe à l’amitié la plus sincère qui ose vous donner un conseil vrai et droit sans aucune autre vue que de vous faire jouir d’un avenir heureux.

Voici mon dernier mot :

Il ne convient point à une princesse de Russie de changer de religion.

La fille de l’empereur Pierre Ier épousa le duc Charles-Frédéric de Holstein, fils de la sœur aînée du roi Charles XII. Elle ne changea pas de religion pour cela. Les droits de son fils à la succession du royaume de Suède n’en furent pas moins reconnus par les États, qui lui envoyèrent une ambassade solennelle en Russie pour lui offrir la couronne. Mais l’impératrice Élisabeth avait déjà déclaré le fils de sa sœur grand-duc de Russie et son héritier présomptif. On convint donc