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peintures de la Coupole de sainte Geneviève, et Gérard, son portrait en pied de Charles X, revêtu de ses habits royaux ; Cherubini avait écrit pour les solennités du sacre, à Reims, cette célèbre Messe classée, comme sa Messe de Requiem pour l’anniversaire de la mort de Louis XVI, parmi les chefs-d’œuvre de la musique religieuse ; Boïeldieu faisait représenter sa Dame blanche, un chef-d’œuvre aussi dans son genre. Avant de partir pour Rome où il allait succéder à Guérin dans les fonctions de directeur de l’Académie de France, Horace Vernet justifiait sa nomination à ce poste d’honneur par l’exécution de son brillant tableau, la Bataille de Fontenoy, qui devait remplacer, au plafond d’un des salons des Tuileries, la Bataille d’Austerlitz de Gérard. Enfin, depuis les architectes chargés d’approprier les salles du premier étage du Louvre à leur double destination de siège du Conseil d’État et de musée pour les collections d’antiquités récemment acquises par le roi[1], jusqu’aux peintres et aux sculpteurs auxquels on avait confié le soin de compléter la décoration intérieure ou extérieure du palais, d’autres membres de l’Académie des Beaux-Arts travaillaient activement à soutenir, en même temps que leur renommée personnelle, la gloire collective du corps auquel ils appartenaient.

Cependant, en regard de ces représentans officiels d’un art beaucoup moins uniforme déjà dans ses manifestations, beaucoup moins « académique » au sens fâcheux du mot, qu’il ne l’avait été sous l’influence de David, certains artistes, les uns fort près encore de leurs débuts, les autres, avant même d’avoir publiquement fait leurs preuves, commençaient à afficher d’étranges prétentions au rôle de réformateurs ; à prendre tout au moins vis-à-vis de la foule des

  1. Installé en 1827 au Louvre, qu’il devait quitter peu après la révolution de juillet, le Conseil d’État occupait, dans l’aile dont le pavillon de l’Horloge forme le centre, la partie comprise entre ce pavillon et. l’aile en retour, parallèle à la rue de Rivoli : plus, la moitié de cette seconde aile jusqu’à la salle consacrée, depuis le second empire, à l’exposition des pastels. En d’autres termes, les locaux attribués au Conseil d’État étaient ceux-là mêmes où sont réunis aujourd’hui les dessins des maîtres de toutes les écoles. Quant aux salles composant l’ensemble de ce qui s’appelait à l’origine le « Musée Charles X, » c’est-à-dire celles qui se succèdent, dans l’aile du midi, depuis le salon dit « des sept cheminées » jusqu’au palier du grand escalier à l’angle de la colonnade, elles ont changé de nom, sans pour cela changer de destination.