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l’église, on a volé le mobilier de la commune et on vole encore sous le flasque régime municipal de l’an vin. » Tous ces abus sont recherchés et poursuivis[1] ; les voleurs restitueront et ne voleront plus. Chaque année, le budget de chaque commune sera dressé[2], comme celui de l’État, avec autant de méthode, de précision et de clarté, recettes d’un côté et dépenses de l’autre, division de chaque titre en chapitres et de chaque chapitre en articles, état du passif et date de chaque dette, état de l’actif et tableau énumératif des ressources distinctes, capitaux disponibles et créances arriérées, revenus fixes et revenus variables, revenus certains et revenus possibles ; en aucun cas, « la fixation de la dépense présumée ne pourra excéder le montant du revenu aussi présumé. » En aucun cas, la commune « ne pourra demander ni obtenir une imposition extraordinaire pour ses dépenses ordinaires. » Comptabilité exacte et sévère économie, telles sont partout les deux réformes indispensables et préalables quand on veut transformer une maison mal tenue en une maison bien ordonnée ; le Premier consul a ces deux réformes à cœur et il y tient la main. Surtout plus de dettes ; or plus de la moitié des communes sont endettées. « Sous peine de destitution[3], le préfet devra visiter les communes au moins deux fois l’an, et le sous-préfet quatre fois dans l’année. On me proposera un prix pour les maires qui auront libéré leur commune dans un délai de deux ans, et le gouvernement nommera un commissaire extraordinaire préposé à l’administration de la commune qui, dans le délai de cinq ans, ne se sera pas libérée. Chaque année, les cinquante maires qui auront le plus contribué à ramener leur commune à l’état de libération ou de ressources disponibles seront appelés à Paris aux frais de l’État et présentés en séance solennelle aux trois consuls. Une colonne, élevée aux frais du gouvernement et placée à l’entrée principale de la ville ou du village, dira à la postérité le nom du maire : on y lira, en outre, ces mots : « Au tuteur de la commune, la patrie reconnaissante. »

Au lieu de ces honneurs demi-poétiques qui conviennent aux imaginations de l’an III, mettez les honneurs positifs qui conviennent aux imaginations de l’an XII et des années suivantes,

  1. Lois des 29 février-9 mars 1804 et des 28 février-10 mars 1805.
  2. Lois du 23 juillet 1802 et du 27 février 1811.
  3. Correspondance de Napoléon, n° 4474 (note dictée à Lucien).