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par the Japauese Mail steamers C°, qui est sous le contrôle du gouvernement ; en même temps diverses petites compagnies créaient des services nouveaux. En 1886, le tonnage de la marine marchande japonaise tout entière adonnée au petit ou au grand cabotage atteignait 117,303 tonnes de vapeurs ou de voiliers, en outre 727,000 jonques. En même temps les télégraphes s’étendaient sur 16,000 milles ou environ 26,000 kilomètres en 1887, et le service postal se développait dans l’archipel, sur le modèle de celui des États-Unis.

Les communications intérieures ont toujours fait beaucoup plus défaut. Il y avait autrefois trois routes superbes au Japon : la principale, celle de Tokio à Kioto, les deux capitales, s’étendait sur une longueur de 307 milles (environ 500 kilomètres). La largeur en était de 36 pieds ; le sol était couvert d’un gravier fin et ombragé d’une double rangée d’arbres. Mais l’on ne connaissait guère d’autre véhicule que les porteurs humains ou le cheval de bât. Puis, clos qu’on sortait de ces voies magistrales, on tombait dans de simples pistes, souvent interrompues. Les Japonais de quarante ans se rappellent le temps où il fallait trente ou quarante jours pour se rendre de Yédo, maintenant Tokio, à l’île méridionale de Kiushiu, soit une distance de 600 milles (moins de 900 kilomètres), la lenteur des jonques ne le cédant pas à celle des porteurs.

À l’assemblée générale des préfets de départemens, en 1875, on adopta un système vicinal qui semble copié sur le système français et qui classe les voies en routes nationales, routes de préfectures et routes de villages.

Dans un pays neuf ou un vieux pays qui se réveille, il est infiniment plus important de construire des chemins de fer que des routes. Les habitans trouvent toujours le moyen de se confectionner un tracé passable pour se rendre à la station voisine. Il ne faut donc pas se conformer à l’ordre historique des communications, mais le renverser pour commencer par la voie la plus perfectionnée. À l’heure actuelle, sur la meilleure route du Japon, les transports se faisant par chevaux de bât ou par voitures à porteurs, coûtent 30 sens, environ 1 fr. 50, la tonne par mille ou plus de 0 fr. 90 par kilomètre. Le chemin de fer réduira ce prix des neuf dixièmes et même ultérieurement des dix-neuf vingtièmes et transformera ainsi de petites sociétés localisées en un véritable organisme industriel. Les variations de prix des denrées qui oscillent du simple au double ou au triple dans des provinces assez voisines s’atténueront, et la culture des sols riches sera singulièrement stimulée dans les bonnes parties de l’archipel, tandis que, aujourd’hui, faute de débouchés pour leurs produits, beaucoup de terres fertiles restent incultes. On ne s’est mis qu’assez lentement à la construction de