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grâce à cette rencontre des excellentes terres à poterie et de cet autre élément, le cheap and skillful labour, les Japonais deviendront, pour la céramique, le premier fournisseur du marché universel. Il faut encore triompher, toutefois, de l’outillage défectueux, des préjugés des artisans, et développer ce commencement d’évolution de l’atelier domestique aux grandes usines.

La liberté des communications dans le monde entier ouvre, en même temps, de nouvelles voies à l’ingéniosité japonaise. Par des concessions de terres à un taux de rente presque nominal et par des prêts de capitaux à faible intérêt, le gouvernement s’efforce de susciter des manufactures pour de nouvelles branches de productions. Il fonde lui-même et gère quelques établissemens : un moulinage de soie, une papeterie, deux filatures de coton. L’impulsion gouvernementale trouve un public et un milieu favorables. Les entreprises d’éclairage au gaz ou à l’électricité, de travaux hydrauliques et de tramways se multiplient. Les machines à vapeur, malgré l’abondance des forces hydrauliques dans le pays, commencent à se répandre dans les industries privées. Ln 1886, on y recensait 311 appareils à vapeur, pour une force nominale de 4,094 chevaux. On comptait 82 de ces appareils dans l’industrie de la soie, 47 dans les mines de houille, 44 dans l’écortissage du riz, 13 dans la filature de coton, 6 dans l’imprimerie. Bien autrement répandu est l’usage de la force hydraulique. On comptait, en 1886, 365 usines mues par cette force suivant des procédés modernes. En ajoutant 250 usines où l’on produit divers objets sans le secours de la vapeur ni de l’eau, on arrive, pour représenter les industries nouvelles, à un ensemble de 832 usines (factories) au capital de 3,661,000 yens, environ 18 millions de francs.

Le succès est très variable pour ces branches diverses de la production. Les plus beaux bénéfices se rencontrent dans les mines de houille, où ils atteignent souvent 50 pour 100 ; les verreries sont on général rémunératrices. Il en va de même des filatures de soie. Pour les articles, au contraire, qui ont à lutter directement avec la concurrence européenne, notamment la filature de coton et la raffinerie de sucre, les échecs sont fréquens. Les deux filatures de coton gouvernementales ont perdu 20,000 yens en 188A. Cependant, il est quelques manufactures privées, même pour la filature de coton, qui réussissent. M. Yeijiro Ono nous donne les comptes de deux de ces établissemens : la filature d’Osaka, qui, pour une production totale de 311,000 yens, environ 1,500,000 francs, a réalisé un gain de plus de 65,000 yens (325,000 fr.) ; et la filature d’Okayama qui, au contraire, pour une production de 50,000 yens (250,000 fr.) a subi une perte de 6,794 yens ou environ 34,000 Ir. On sait que, en Europe aussi, les petites filatures ont bien du mal à