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printemps sont cueillies par les femmes et les filles. On les porte dans des chambres, on les passe à la vapeur, on les roule entre des nattes et, finalement, on les fait chauffer dans des poêles. Les procédés sont simples ou compliqués, suivant la qualité du thé et l’habileté du travailleur. Une récolte de 2,500 livres de feuilles par acre, environ 6,200 livres par hectare, paraît fort belle ; quelquefois, ce rendement est légèrement dépassé. Quatre livres de feuilles fraîches en fournissent une de thé achevé ; ce serait donc environ 1,500 livres de ce dernier à l’hectare qui représenteraient une bonne récolte. Les gains nets, pour le planteur, dépassent ceux de l’agriculteur ordinaire. Aussi vit-il dans une maison confortable, entretenant des serviteurs à gages et des chevaux de bât (pack-horses). L’arbuste se plaît surtout, au Japon, dans la grande île d’Hondo, entre le trente-quatrième et le trente-sixième degré. Beaucoup de terrains encore incultes lui sont propices, et c’est dans l’extension de ces plantations que M. Yeijiro Ono voit le développement le plus prochain de l’agriculture japonaise.

Le coton et le sucre sont aussi des produits du Japon, mais secondaires jusqu’ici : l’ouest et le centre de la principale île sont assez favorables au premier, dont le rendement en coton égrené est d’environ 360 livres par acre, 900 livres par hectare. En 1884, la production atteignit 134 millions et demi de livres ; ce n’était que le tiers de la consommation intérieure du pays. Avec la primauté qu’ont pour cette denrée les États-Unis et l’Inde, le Japon paraît devoir ne pas porter actuellement ses principaux efforts sur cette culture.

La canne à sucre réussit dans les parties de l’empire inférieures au trente-cinquième degré, c’est-à-dire dans l’extrême sud de la principale île Hondo et dans les deux îles méridionales, Kiushiu et Shikoku. Il y faut des sols secs et assez élevés, beaucoup de travail et d’engrais, en un mot une culture coûteuse. La production du sucre s’est élevée à 111 millions et demi de livres anglaises, une cinquantaine de millions de kilogrammes, contre 149 millions environ de livres importées.

Tels sont les principaux traits, actuellement, de l’agriculture japonaise. Les ressources en réserve sont considérables, puisqu’une grande partie du sol est à l’état de terres publiques sans culture, et que le riz, d’une part, cet aliment si substantiel, le mûrier et l’arbuste à thé, de l’autre, ces deux producteurs de denrées si appréciées dans le monde entier, peuvent s’étendre sur des surfaces énormes encore en friche. Par un opiniâtre travail, le paysan japonais obtient des récoltes assez belles, du moins en riz, mais il manque de toute connaissance scientifique. La production