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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Le marché des rentes françaises a été calme et ferme depuis le commencement du mois. Le 3 pour 100 a fléchi un instant sur la retraite de M. Constans et la crainte d’une crise ministérielle. La prompte terminaison de l’incident et des achats très actifs au comptant ont amené un rapide relèvement des cours, et la rente a été ainsi portée sans nouvelle secousse à 88.67. L’amortissable s’est avancé de 25 centimes à 91.90. Le 4 1/2 a été au contraire fort recherché et n’a pas gagné moins de 60 centimes à 105.90.

La chambre a enfin nommé la commission du budget. La première question que celle-ci va avoir à résoudre porte sur la disjonction ou la connexité des deux propositions de M. Bouvier, concernant, l’une un emprunt de 700 millions pour la consolidation des obligations sexennaires, l’autre, l’établissement du budget de 1891. Sur la nécessité ou tout au moins l’opportunité de l’emprunt, il n’y a guère de doute. Mais l’opération doit-elle être effectuée de suite, ou seulement lorsque la chambre aura statué sur la suppression du budget extraordinaire de la guerre et sur les nouveaux impôts ? Tel est le point sur lequel les membres de la commission paraissent très divisés. La solution exercera très vraisemblablement une action décisive sur l’attitude du marché de la rente pendant le reste du mois.

Les marchés de Berlin et de Vienne ont subi un commencement de krach, aujourd’hui très heureusement arrêté. La crise a porté sur des valeurs minières et métallurgiques qu’une spéculation imprudente avait portées à des cours fort exagérés. Ces cours sont aujourd’hui reperdus ; un mouvement brusque de baisse a fait justice des folies commises et infligé des pertes considérables. Mais les valeurs affectées par cette réaction restent intrinsèquement excellentes et sont favorisées par la hausse des fers et des charbons. Un parti de baissiers a profité habilement de cette tempête subite pour recueillir des différences sur diverses valeurs autrichiennes, en même temps que la retraite de M. Tisza, président du conseil des ministres de Hongrie depuis quinze ans, provoquait des ventes sur le 4 pour 100 hongrois. Maintenant, le calme est rétabli sur les deux places, et les cours se relèvent.

L’Italien, toutefois, reste faible à 92.60. Il y a là de fortes positions à la hausse maintenues depuis longtemps à Berlin, et que l’on voudrait dégager peu à peu. Mais le marché de Paris ne s’y prête que