Lorsqu’on parcourt les vallées de la péninsule, par exemple celles des deux Morava, on se lasse à la fin de n’apercevoir que des ébauches de civilisation dans le cadre naturel le plus admirable : des maisons grossièrement bâties en pisé, des toits rouges qui sourient de loin à travers les arbres, et qui, de près, recouvrent des intérieurs sordides ; des églises ; rares, sommairement blanchies à la chaux, et plus semblables à des granges qu’à des temples. Il semble que ces populations si anciennes aient vécu au milieu d’un éternel provisoire. Eh quoi ! se dit-on, est-il possible que ces vaillans Serbes, qui sont entrés ici vers le temps du roi Dagobert, n’aient rien créé de durable ? Et Byzance, qui a vécu jusqu’au milieu du XVe siècle, n’a-t-elle point laissé de traces de son passage ? Le Turc nomade a-t-il pu les effacer toutes ?
J’étais plein de ces réflexions lorsque, venant du nord, je m’engageai dans les défilés de l’Ibar. Ce sont des gorges étroites et pittoresques qui remontent, comme cette rivière elle-même, jusqu’au
- ↑ Voyez la Revue du 1er et du 15 mai 1889.