L’inscription de la base nous apprend qu’elle est l’œuvre de Mikkiadès et d’Archermos : à n’en pas douter, le père a apporté dans l’œuvre commune sa science technique, et le fils l’audace de l’invention. Or voici que les fouilles de l’Acropole nous livrent deux répliques en marbre de la même statue, et qu’une inscription nous atteste la présence d’Archermos à Athènes. A certains indices, ces répliques paraissent postérieures de vingt ou trente ans à la statue de Délos. Elles semblent donc indiquer que le maître de Chio est venu à Athènes à l’époque de sa maturité, et qu’il y a fait école. On imagine aisément Archermos sculptant avec orgueil, pour la cité de Pisistrate, cette même statue de la Victoire ailée dont les textes lui attribuent l’invention, et qui avait fait sa gloire dans son pays d’origine.
Bien d’autres fragmens, épars çà et là dans le musée de l’Acropole, dénoncent, pour un œil exercé, la présence d’artistes insulaires ; certaines têtes à la chevelure ondulée sur le front, aux yeux saillans et bridés, d’une exécution précise et un peu sèche, ne peuvent être attribuées qu’à cette école. Mais nous avons hâte d’arriver à la merveilleuse série de statues qui ferait à elle seule la fortune d’un musée d’antiques, et dont la découverte a si largement payé de leur peine les auteurs des fouilles de l’Acropole.
L’administration du musée a fort bien disposé ses richesses. Les statues les mieux conservées, au nombre de sept, sont réunies dans une sorte de salle d’honneur, sobrement décorée ; elles s’y dressent sur leurs socles, dans une attitude rigide et sévère, telles que les contemporains de Miltiade et de Thémistocle pouvaient les voir, avant que les soldats de Xerxès les eussent jetées à bas de leurs piédestaux. Au premier coup d’œil, on ressent une impression tout à fait nouvelle ; dans aucun musée d’Europe, vous ne subissez au même degré le charme pénétrant de l’art grec archaïque, et vous n’en comprenez mieux la fraîcheur, la grâce sévère, la délicatesse et la charmante naïveté. L’atticisme se révèle à vous, non point parfait, à la fois libre et mesuré comme dans l’Hermès de Praxitèle, mais avec je ne sais quelle verdeur de jeunesse qui donne de l’attrait même à ses défauts.
Toutes ces statues ont comme un air de famille ; elles reproduisent un type uniforme, à savoir une femme debout, la jambe gauche légèrement portée en avant comme si elle marchait, le bras droit plié, avec la main tendue par un geste d’offrande, l’autre bras un peu écarté du corps, et retenant les plis de la robe. Presque toutes