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mais encore le public plus étendu, fort nombreux en France, qui sait apprécier tout le charme des œuvres grecques ; à plusieurs reprises, la presse a signalé les trouvailles de l’Acropole[1].

Aujourd’hui, les fouilles sont fort avancées, et les richesses qu’elles ont mises au jour sont disposées en bon ordre dans le musée où elles ont pris place. Le moment est donc opportun pour exposer dans leur ensemble les résultats acquis. Nous essaierons de le faire, après un voyage qui nous a permis d’assister à la fin des travaux les plus importans.


I

Pour l’œil le moins attentif, l’Acropole s’offre dès l’abord sous un aspect nouveau. On n’y accède plus par la vieille porte décorée d’inscriptions turques où avaient passé tant de générations de touristes ; elle n’est plus aujourd’hui qu’un souvenir. Une route carrossable, soutenue par un énorme remblai, aboutit à la porte de Beulé, devenue l’entrée d’honneur. Sur la gauche, les murs helléniques et le rocher qui les supporte ont été dégagés de leurs revêtemens modernes et mis à nu ; il ne reste plus trace du bastion d’Odysseus Androutsos, le héros du Khani de Gravia ; l’inscription rappelant qu’il avait été construit « par le stratège des Grecs » a disparu avec lui. Les Propylées franchis, on aperçoit l’Érechthéion profondément déchaussé à sa base ; entre cet édifice et le Parthénon, on voit affleurer les vestiges d’un temple ignoré jusqu’ici et dont le plan se lit sans peine sur le sol soigneusement déblayé. Plus loin, c’est une entrée nouvelle de la citadelle, avec un fragment du mur pélasgique, et, devant la façade orientale du Parthénon, les ruines d’un temple de Rome et d’Auguste. Pendant tout l’été de 1888, le Parthénon lui-même a présenté un spectacle tout à fait imprévu, qu’il ne sera pas donné de longtemps de revoir. Entre le temple et le mur sud, construit par Cimon, s’ouvrait une large tranchée qui mettait à découvert un mur énorme servant de

  1. Tous les recueils européens consacrés à l’archéologie classique ont mentionné les découvertes d’Athènes. Mrs  Jane Harrison et M. E. -A. Gardner ont à plusieurs reprises signalé les résultats des fouilles dans le Journal of hellenic Studies, 1888, p. 119-126 ; 1889, p. 255-260. En France, la Gazette archéologique a publié sous la signature Théoxénou une suite d’articles où les résultats des fouilles sont analysés en détail : les Fouilles récentes de l’Acropole d’Athènes (Gazette archéologique, 1888. M. S. Reinach les a fait connaître aux lecteurs de la Gazette des Beaux-Arts. Enfin M. Lechat, membre de l’École française d’Athènes, qui a suivi les fouilles avec un soin particulier, en a rendu compte dans le Bulletin de correspondance hellénique ; ses articles comptent parmi les meilleurs qui aient été écrits sur ce sujet.