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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Deux de nos fonds publics, le 3 pour 100 et le 4 1/2, ont avancé de quelques centimes pendant la seconde quinzaine de janvier, sous l’influence d’achats continus sur le marché du comptant. La spéculation, hésitante au début, s’est décidée à suivre. Les cours à terme sont d’ailleurs restés constamment au-dessous de ceux que les demandes de l’épargne ont fait inscrire à la cote. La rente perpétuelle a été portée de 87.70 à 88.10 et a été ramenée à 87.95. Le 4 1/2, après avoir passé de 106.67 à 107.05, finit à 106.95. L’amortissable, moins favorisé, a perdu près d’une unité en quelques jours, de 93 à 92, puis s’est relevé à un cours intermédiaire, 92.45.

Du projet de conversion facultative du 4 1/2, soit en 3 1/2, soit en 3 pour 100, perpétuel ou amortissable, il n’a plus été question dans les derniers jours du mois. Le ministre des finances ayant déclaré que ses idées n’étaient point encore arrêtées sur ce point, le monde financier en aurait conclu volontiers que tout était prêt. Mais la réflexion a fait admettre comme très probablement sincère cette déclaration. En effet, la session est à peine ouverte, le cabinet ne saurait être encore très assuré de la majorité ; il est lui-même agité par quelques dissensions intestines, et il se trouve aux prises en ce moment même avec des questions délicates, comme celles des poursuites à exercer contre les membres de l’ancien syndicat des cuivres et les administrateurs de la Société des métaux et du Comptoir d’escompte. L’instruction, qui a duré fort longtemps, puisqu’il s’est écoulé près d’une année depuis la catastrophe, est terminée. Mais on ne sait encore ni combien de personnes seront impliquées dans les poursuites, ni si l’action à intenter visera l’accaparement ou simplement certaines violations de la loi de 1867, comme la distribution de dividendes fictifs.

Cette question des poursuites a pesé sur les dernières Bourses du mois. Elle se rattache, par certaines relations indirectes, à une autre, également délicate, celle des négociations entre la Banque et l’État pour le renouvellement du privilège de cet établissement, et enfin l’une et l’autre ne sauraient être sans lien avec la question de conversion et d’emprunt, qui, portant sur un capital de sept milliards à convertir et sur un montant d’un milliard à douze cents millions à emprunter, ne peut être dès à présent l’objet d’une conception