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III


O maître, Loi suprême écrite dans l’espace !
Source des vérités que nous cherchons en vain,
Je t’implore, ô splendeur du vrai, verbe divin,
Toi qui demeures quand tout passe !

Maître ! Si j’ai forfait en quelque jour d’oubli,
Si j’ai souillé mon âme et failli dans ma route,
Toi qui vois quand je cherche et qui sais quand je doute,
Daigne laver mon cœur sali.

Voix de lumière, ô phare éternel de justice,
Projette ta clarté sur l’ombre du chemin,
Et s’il est vrai qu’un être a souffert par ma main,
Montre-le pour que j’en pâtisse.

Fais que nul ici-bas ne me quitte en pleurant,
Que mon âme soit forte afin qu’elle soit bonne,
Et daigne me verser la douceur qui pardonne
Et la sagesse qui comprend.


C’EST EN MOI QUE TU VIS…


C’est en moi que tu vis, c’est par moi que tu nais :
Je t’ai créée en moi des forces de mon âme,
Tu ne t’épanouis que si mon cœur se pâme
Et tu m’appartiens plus que si tu te donnais.

Je n’ai qu’à dire : « Viens ! » pour que tu m’apparaisses ;
Ton spectre obéissant me suit par les chemins,
Et lorsque mon cœur las a faim de tes caresses,
Je n’ai qu’à t’appeler en tendant les deux mains.