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POESIE

LE PÈLERIN.



Le plus parfait amour est fait de solitude,
Et toute sa richesse est dans sa pauvreté :
C’est le pèlerin blanc qui va sans lassitude
Dans un manteau de chasteté.

On le plaint ; son exil vaut pourtant mieux qu’un trône,
Car l’œil de son esprit regarde par-delà ;
Lorsqu’il a faim d’espoir et qu’il quête une aumône,
Moins on lui donne, plus il a.

Il marche sous la pluie et s’assied dans la neige,
Réchauffant son cœur pur d’un rêve surhumain,
Et les elfes soigneux qui lui font un cortège
Mettent des fleurs à son chemin.