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ETUDES DIPLOMATIQUES

FIN DU MINISTERE DU MARQUIS D'ARGENSON

III.[1]
SUITE DU PROJET DE CONFÉDÉRATION ITALIENNE.

La nouvelle de l’arrangement intervenu entre la France et le roi de Sardaigne, qui entraînait la cession définitive du Milanais, dut être annoncée à Elisabeth, à la fois, par une lettre autographe de Louis XV à son oncle et par une dépêche confidentielle de d’Argenson à Vauréal. Avant d’expédier cet envoi qui allait causer tant de douleur, d’Argenson eut encore, à la dernière heure, une explication avec le roi et ne lui dissimula pas que le seul moyen de faire céder la reine serait de la menacer d’un abandon complet ; mais il espérait bien, ajoutait-il, que « cette menace ne serait qu’un semblant, et qu’au pis aller l’armée française n’aurait pas fait deux marches en arrière que l’Espagne se rangerait à la raison. » Le roi ne témoigna aucun trouble, même devant l’idée de ce parti extrême : le ministre proposait de ne laisser à l’Espagne que quatre jours pour délibérer : « C’est trop, dit le roi, deux suffiront, » et il signa sans hésiter[2].

  1. Voyez la Revue du 15 novembre et du 15 décembre.
  2. Mémoires et Journal de d’Argenson, t. IV, p. 292.