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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

L’élévation subite du taux de l’escompte par la Banque d’Angleterre, en pleine échéance de fin d’année, est restée à peu près sans influence sur les conditions dans lesquelles s’est faite la liquidation sur notre marché. Les acheteurs n’ont eu à subir, à aucun degré, les exigences exceptionnelles imposées quelques jours auparavant à la spéculation des places allemandes et qui n’ont pas été épargnées davantage au stock-exchange.

Le marché de Paris est en effet admirablement approvisionné de capitaux, et la Banque de France, avec son encaisse formidable de plus de 1,250 millions d’or, sans compter l’encaisse argent, n’a eu nul besoin de porter son taux d’escompte, comme on l’avait craint quelque temps, au-dessus de 3 pour 100.

A Londres même, la situation monétaire s’est améliorée légèrement pendant cette première quinzaine de janvier. Les directeurs de la Banque d’Angleterre ont pu éviter une nouvelle élévation de l’escompte ; il est permis de penser qu’ils pourront s’en tenir au taux de 6 pour 100, jusqu’à ce qu’une reconstitution suffisante de l’encaisse rende possible le retour à un niveau plus normal.

Notre principale rente, le 3 pour 100 perpétuel, s’est maintenue un peu au-dessus du dernier cours de compensation, mais l’écart représente à peine le montant du report : 0 fr. 15. C’est donc le statu quo. Les deux autres fonds, au contraire, ont été l’objet de l’attention particulière de la spéculation. Le 4 1/2 a été porté de 106 à 107.17 et a été ramené ensuite, par des réalisations aussi brusques qu’avait été la poussée, à 106.70. L’Amortissable a regagné presque immédiatement le coupon trimestriel détaché le 2 janvier, et les achats se sont continués avec une telle vigueur sur ce fonds qu’il finit à 93 francs avec une plus-value de 1 fr. 30 gagné en moins de dix jours.

Ces mouvemens ont eu principalement pour cause ou pour prétexte l’intention attribuée au ministre des finances de préparer un projet de conversion facultative du 4 1/2 en rente 3 pour 100 perpétuelle ou amortissable. Les rumeurs qui ont circulé à ce sujet sont toutefois trop vagues encore ou trop hypothétiques, pour qu’il y ait utilité à s’occuper des prétendus projets ministériels et surtout à en discuter les bases et l’économie.

Les fonds d’États étrangers qui alimentent les opérations de la