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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 janvier.

C’est bien certain, on ne sait jamais ce que sera une année qui commence, ce qu’elle réserve aux hommes de bienfaits ou de surprises importunes. Les prophètes prudens attendent la fin pour savoir si elle aura été heureuse ou malheureuse. S’il y a provisoirement une chose visible, c’est que l’année nouvelle est arrivée toute chargée de mauvais airs, d’influences malignes et d’épidémies qui courent dans tous les pays à la fois, qui ne respectent pas plus les têtes couronnées, les chefs d’état et les ministres que les plus humbles des humains. C’est une consolation pour ceux qui aiment l’égalité ! Il y a eu sûrement quelque mystérieux jettatore qui a regardé le monde de travers et lui a ménagé pour pénitence les ennuis d’un maussade début d’année. Ce n’est point, si l’on veut, un événement ; c’est au plus une interruption momentanée ou une complication dans les affaires, dans les administrations, dans les services publics, même dans les écoles. Cela n’empêche pas la politique de suivre son cours, l’Allemagne de se préparer à des élections pour le mois prochain, l’Angleterre de faire des querelles d’Allemand au petit Portugal, l’Espagne d’être éprouvée par une pénible crise intérieure, — et la France elle-même d’attendre curieusement à l’œuvre le parlement qu’elle a chargé de sa fortune pour quatre ans. C’est aujourd’hui, en effet, que s’ouvre sans éclat et sans bruit, au milieu d’une certaine atonie et des indécisions d’une opinion fatiguée, la première session régulière de la législature nouvelle née du scrutin de septembre. C’est à cette heure même que se réunissent nos chambres françaises, — et au seuil de cette session qui s’ouvre, on est plus que jamais conduit à se demander quelle influence auront