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qu’il veut et on le suit. Il a tout préparé ; la mise en scène est au point, chacun à son poste, acteurs et comparses, spectateurs sympathiques et presse à sa dévotion. Le congrès peut s’ouvrir.


III

Le 2 octobre 1689, il se réunissait à Washington, dans l’hôtel Wallach, loué et aménagé pour la résidence des trente-cinq délégués nommés par les quinze états qui avaient adhéré au congrès. Un seul, Saint-Domingue, avait décliné l’invitation ; deux autres, Haïti et le Paraguay, n’étaient pas encore représentés, mais ils restaient libres de souscrire plus tard, en pleine connaissance de cause, aux résolutions adoptées. Ces quinze états étaient la République Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Chili, la Colombie, Costa-Rica, l’Equateur, Guatemala, Honduras, le Mexique, Nicaragua, le Pérou, San-Salvador, l’Uruguay et le Venezuela. Chacun d’eux avait choisi, pour le représenter, ses hommes d’état et ses légistes les plus éminens. Vincente Quésada, Saenz Pénia et Manuel Quintana, délégués de la République Argentine, étaient, le premier un diplomate expérimenté, le second un jurisconsulte de grand savoir, le troisième vice-président du sénat. Tous trois apportent à ce congrès, avec le désir de s’éclairer sur les vues ultérieures de M. Blaine, avec de sincères sympathies pour certaines des mesures proposées, telles que l’unification des monnaies, des poids et mesures, les subventions aux lignes postales, d’instinctives méfiances quant à une union douanière. Émule des États-Unis, aspirant à jouer, dans l’Amérique méridionale, un rôle prépondérant, équivalent au leur dans l’Amérique du Nord, la République Argentine, en plein essor de développement, se soucie peu d’aliéner une liberté d’action dont elle n’a, jusqu’ici, retiré que de grands avantages.

Le Brésil a fait choix de Rodriguez Péreira, ancien premier ministre, président de la commission d’arbitrage des délimitations de frontières entre le Chili, le Pérou et la Bolivie. Unique représentant du principe monarchique parmi ces nations républicaines, le Brésil devait, à quelques jours de là, renverser le placide gouvernement de la maison de Bragance, jeter dans les bras des États-Unis le plus vaste état de l’Amérique du Sud, et, par sa révolution opportune, justifier les prévisions, alors inexplicables, de l’homme d’état prévoyant qui affirmait, comme à point nommé, le droit pour les nations américaines de régler elles-mêmes leurs destinées sans intervention de l’Europe.

Emilio Taras, ministre et membre du congrès national, représente le Chili ; J.-M. Hurtado, grand capitaliste, et C. Silva, ministre des finances, la Colombie. Le Mexique compte trois délégués : un