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La chaîne de l’Altaï ne constitue, à la vérité, qu’une partie de la limite septentrionale du Gobi, mais cette chaîne paraît avoir une extension considérable du côté de l’est et ne se termine que sous le méridien d’Ourga, en sorte qu’il est fort probable qu’elle conserve les principaux traits géologiques de la partie de la chaîne que j’ai été dans le cas d’explorer ; et, selon toute apparence, il en est de même de la chaîne des Yablonovoï, qui n’est que la continuation orientale de l’Altaï.

On voit donc que les roches cristallines plus ou moins anciennes jouent le rôle principal dans la contrée comprise entre la Sibérie orientale et la Mandchourie et constituent, par conséquent, le bord septentrional du Gobi.

Quant à son bord oriental, il est très nettement marqué par la chaîne méridienne de Khin-gan. Malheureusement, nous ne le connaissons qu’imparfaitement. M. Fritsche, qui lut le premier à franchir cette chaîne, y signale les granits. D’ailleurs, la Mandchourie du sud doit contenir des terrains paléozoïques, car la houille y est exploitée sur plusieurs points, entre autres dans les environs de la ville de Moukden.

Par son extrémité méridionale, le Khin-gan se rattache à la chaîne de Kouen-luen, qui constitue la limite méridionale du Gobi. Cette gigantesque chaîne est de caractère éminemment paléozoïque. M. de Richthoten la considère comme la plus ancienne de l’Asie : « Le Kouen-luen, dit-il, se présente comme un massif qui a ses racines dans la charpente solide la plus ancienne de notre globe ; c’est en quelque sorte un rempart tracé d’avance dès l’époque géologique la plus reculée[1]. »


V

L’aperçu que nous venons de donner de l’enceinte extérieure du Gobi nous démontre qu’elle est presque partout composée de roches anciennes, soit sédimentaires, soit granitiques ou gneissiques. Or ce sont précisément les roches de cette nature qui affleurent dans l’intérieur du Gobi à travers les sables ; de sorte que nous pouvons en conclure que ces affleuremens, représentant les terrains et les roches dont est composée l’enceinte extérieure, forment la base de son enceinte intérieure. Or il résulte de ces faits des conséquences fort importantes que nous allons énumérer.

L’émersion du Gobi et des montagnes qui l’entourent a dû avoir

  1. Richthofen, China, t. I, p. 224.