Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 97.djvu/422

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

observa (20 novembre 1871) — 32°, 7, tandis que, dans le Gobi septentrional et dans la Dzungarie, on voit quelquefois le thermomètre baisser au-dessous du point de congélation du mercure. D’autre part, dans les mêmes localités, les étés ont une température presque tropicale qui s’élève (à l’ombre) à 36 et 38 degrés, et même atteint 45 degrés dans la contrée d’Alaschan. Ces chaleurs deviennent accablantes, surtout à cause du manque d’ombrage et de l’extrême sécheresse atmosphérique. À cette époque, le sol dénudé du désert s’échauffe ordinairement jusqu’à 50°, 60° et quelquefois plus, tandis qu’en hiver sa température descend au-dessous de — 26°.

C’est au printemps et en automne que les transitions thermiques sont particulièrement brusques. A côté des écarts excessifs entre les températures hivernales et estivales règne constamment, dans le Gobi, une extrême sécheresse atmosphérique, surtout dans les parties centrales et méridionales ; en revanche, les régions septentrionales et orientales jouissent, en été, de précipitations aqueuses comparativement abondantes. Elles sont apportées par les vents du nord et du nord-est, qui, en venant de la mer polaire à travers la Sibérie, déposent leur humidité sur les versans septentrionaux des montagnes, tout en en conservant une certaine quantité pour la déverser sur la partie limitrophe du désert, de manière à imprimer à celui-ci le caractère de steppe. Quant aux vents d’est et de sud-est du Gobi, les pluies estivales y sont amenées de la mer de Chine par les moussons sud-est, qui atteignent ici leur limite occidentale. Dans tout le reste du Gobi, particulièrement dans le bassin du Tarim, les pluies et les neiges sont rares. Le Gobi central éprouve quelquefois (mais non chaque été) de copieuses ondées de courte durée, mais suffisantes pour donner lieu à des cours d’eau et des lacs temporaires dans les endroits argileux à surface unie. La neige est presque inconnue dans les régions méridionales du désert.

Enfin, le dernier trait climatologique du Gobi, c’est le phénomène des orages, qui se produisent le plus souvent en automne et en hiver, plus rarement en été et au printemps. Ils viennent presque toujours du nord-ouest. Seulement, sur le lac Lob, où, comme dans tout le bassin du Tarim, il n’y a point d’orage en hiver, ils éclatent en automne, venant du nord-est, c’est-à-dire des crêtes neigeuses du Thian-chan et des parties froides du Gobi central. La direction du nord-ouest (rarement d’ouest), qui caractérise les orages du Gobi proprement dit, tient à la proximité de la contrée plus basse et plus chaude de la chaîne, où se précipite l’air froid des montagnes, ce qui cause l’énorme différence de