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DU
DANUBE A L’ADRIATIQUE

IV.[1]
L’ÉGLISE ORTHODOXE.


I.

Les formes du culte, dans les Balkans, s’écartent sensiblement du rite russe. On affirme, à Moscou, qu’elles ont dégénéré sous la domination turque. J’incline à croire, au contraire, que l’ancienne tradition s’est mieux conservée dans le berceau de l’église orthodoxe.

Un soir, en Serbie, j’entre dans une église de campagne. C’est la veille de Pâques. Entre des murailles blanchies à la chaux se presse une foule compacte. Tout le monde est debout. Chacun tient à la main un cierge dont la cire jaune dégoutte sur les dalles. On n’aperçoit d’abord que des casaques brunes, des jupons rouges, des têtes noires confondues dans un nuage lumineux. À force de jouer des coudes, j’arrive au premier rang, et je distingue, en me retournant, toutes les figures à la lueur vacillante des cierges : les traits rudes et simples des laboureurs, les traits fripés des marchands sédentaires. Ce sont en général d’honnêtes

  1. Voyez la Revue des 1er  et 15 mai 1889 et du 1er janvier 1890.