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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Sans la révolution du Brésil et la baisse considérable qui s’est produite sur les valeurs de ce pays, la rente française eût sans doute résolument franchi avant la fin de l’année le cours de 88 francs, coupon détaché. Dès le milieu du mois, le 3 pour 100 atteignait 88.35 et ressortait ainsi pour la seconde quinzaine à 87.60 ex-coupon. Il semblait que ce fût peu de chose pour la spéculation que d’enlever ces 0 fr. 40, d’autant plus que certaines caisses publiques, disposant de fonds considérables, ont acheté pendant tout le mois, assure-t-on, d’importantes sommes de rentes au comptant.

Ce qui paraissait si aisé n’a pu toutefois se réaliser. Pour optimistes que soient restées les dispositions générales, le marché n’a pas été soustrait complètement à l’influence de la baisse des valeurs brésiliennes, influence qui s’est exercée plus vivement encore à Londres. Si toutefois le 3 pour 100 ne clôt pas l’année 1889 à 88 francs, il n’est éloigné de ce cours que de 0 fr. 15 à 0 fr. 20, et pratiquement il reste au prix le plus élevé qu’il ait jamais atteint.

L’année 1889, avec son Exposition universelle, les déclarations pacifiques des souverains, la décadence du boulangisme, les élections générales relativement modérées, et, dans un certain sens, conservatrices, a été véritablement remarquable pour nos fonds nationaux et pour toutes les valeurs à revenu fixe qui, sous une forme ou sous une autre, ont le bénéfice de la garantie de l’État et même pour celles qui, sans cette garantie, sont toutefois placées haut dans la faveur et dans l’estime du public.

Du 31 décembre 1888 à fin 1889, la rente a monté de 5 unités (de 82.77 à 87.77) ; l’Amortissable, de 5.75 (de 86.8.0 à 92.55) ; le 4 1/2 pour 100, de 1.47 1/2 (de 104.42 1/2 à 105.90). Ainsi, le porteur d’inscriptions de rente perpétuelle ou amortissable qui aurait acheté à la fin de l’année dernière et vendrait aujourd’hui, aurait reçu comme intérêt 3 francs et comme plus-value décapitai 5 fr. ou 5 fr. 75 par coupure de 3 francs de rente. Il aurait donc fait, avec la rente française, aujourd’hui la première et la plus recherchée de toutes les valeurs de la cote, un placement de 8 ou 8.50 pour 100.

La même constatation ressort d’un examen comparatif des prix des