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luxuriante végétation tropicale que le physiologiste obtiendra finalement une notion vraie des merveilles que lui réserve l’étude de phénomènes vitaux, se manifestant avec une aussi remarquable surabondance. Enfin, il importe d’avoir présent à l’esprit que les conditions climatologiques actuelles des contrées équatoriales se rapprochent sensiblement de celles qui s’étendirent autrefois à la surface entière de notre globe. Partant, c’est à l’étude des plantes tropicales qu’il est indispensable de s’adresser en premier lieu, dès que l’on s’attache à la solution de cette série d’énigmes, concernant l’origine et la filiation des groupes de végétaux de notre époque. L’avenir réserve aux botanistes qui viendront étudier sur place cette flore merveilleuse, l’honneur de combler de grandes lacunes dans les connaissances actuelles et de faire des découvertes dont on ne devine que partiellement aujourd’hui l’importance et la signification.

Ce que nous venons de dire n’est ni prématuré, ni déplacé. D’abord, les résultats obtenus des maintenant nous y autorisent. Ensuite, les naturalistes ont fourni récemment la preuve de l’intérêt qu’ils ont à étendre leurs recherches sur la nature des contrées équatoriales. Depuis quatre ans qu’existe le laboratoire de recherches à Buitenzorg, il a été visité par quatorze naturalistes, et tous, — à l’exception d’un seul, — venus d’outre-mer et de pays différens. C’est à regret que nous devons ajouter qu’aucun botaniste français n’est, jusqu’ici, venu occuper une table de travail dans le laboratoire de l’Hortus Bogoriensis. A ne pas en douter, le nombre des visiteurs ira en augmentant, et à la longue, il en viendra de toutes les nationalités. Celui qui a l’honneur de diriger pour le moment l’établissement scientifique dont il a été question dans ces lignes est le premier à le désirer. C’est même, et avant tout, avec l’intention d’encourager ce mouvement et de contribuer à le rendre plus actif qu’elles ont été écrites.


M. TREUB.