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s’attendrait à les trouver chez des Malais. Ce personnel travaille sous les ordres d’un jardinier en chef-et d’un jardinier en second. Jour et nuit le jardin est ouvert ; chose possible seulement en Orient, où l’on n’est pas encore assez avancé pour considérer la propriété comme un vol. Aux deux entrées principales, il y a des portiers, mais non des portes.

Le jardin d’agriculture, seconde division de l’Hortus Bogoriensis, situé après d’une lieue du centre de Buitenzorg, n’occupe pas moins de soixante-dix hectares. L’aménagement du local et la distribution des plantes indiquent tout de suite un but exclusivement pratique. Tout y est régulier ; les chemins et les sentiers qui se coupent à angles droits ; les quartiers qu’ils enclavent, presque tous de même dimension ; les plantes, dans chaque quartier, toutes de la même espèce et du même âge. Tandis que dans la division scientifique chaque espèce n’est représentée que par deux pieds, il y en a ici, en moyenne, une centaine pour chaque espèce. Mais aussi on se borne à cultiver les plantes qui sont, ou peuvent devenir utiles à l’agriculture ou à l’industrie coloniales : les différentes espèces et variétés de caféier, de thé, de canne à sucre, d’arbres à caoutchouc et à gutta-percha, l’Erythroxylon coca, qui fournit la cocaïne, les arbres qui produisent du tannin et des huiles, les plantes fourragères, etc. Une partie spéciale du jardin est réservée aux plantes officinales. Il y a un jardinier en chef pour conduire et surveiller les travaux, et un personnel de 70 ouvriers indigènes. Le troisième jardin se trouve à une assez grande distance de Buitenzorg, sur un des versans du volcan voisin, le Gedé. Avec une superficie de 30 hectares, situé à une altitude de 1, 500 mètres, il possède un climat qui se prête à merveille, tant à la culture des plantes de la flore indigène des montagnes qu’à celle des végétaux de l’Australie et du Japon. Une dizaine d’indigènes y travaillent sous les ordres d’un jardinier européen. Les trois jardins qui constituent ensemble le jardin botanique de l’état à Buitenzorg occupent une superficie de presque 140 hectares.

Le musée, situé en face du jardin botanique proprement dit, bâtiment de 44 mètres de long, a été spécialement construit pour l’usage auquel il sert encore actuellement, bien qu’il ait été consacré originairement à des collections minéralogiques. Il se compose d’une salle, occupant le corps de logis principal, et de deux ailes. De plain-pied la salle contient des armoires le long des murs, et des vitrines au milieu, qui renferment les collections tant botaniques que techniques. Les objets sont en partie desséchés, en partie conservés dans l’esprit-de-vin. Une galerie faisant le tour de toute la