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L’intérêt qui s’attache à l’histoire d’une institution tient surtout à l’importance et à l’étendue que présente cette institution au moment où on la considère ; en est-il ainsi de l’établissement que nous avons en vue ? Le lecteur en jugera.

Le jardin botanique de l’état à Buitenzorg comprend trois jardins différens. D’abord il y a le jardin botanique proprement dit, au’ centre de la ville, occupant une superficie de 36 hectares, enclavé entre le parc du gouverneur-général, une petite rivière, le Tjiliwong, et la route postale. Il est traversé, dans toute sa largeur, par une grande et belle allée, nommée allée des Kanaries, d’après le nom indigène des arbres qui la bordent, beaux pieds de Canariurn commune, atteignant une hauteur d’environ 30 mètres. Sur cette allée qui longe un grand étang, égayé par un gracieux îlot, voitures et piétons circulent librement : sur ses côtés, des routes carrossables, en partie ouvertes au public, pénètrent dans toutes les directions et constituent des artères, auxquelles se rattache tout un dédale de chemins et de sentiers d’ordres différens. Les plantes d’une même famille, nous l’avons déjà dit, se trouvent réunies ; elles forment des groupes épars ou bien elles occupent un ou plusieurs quartiers, délimités par des sentiers. A l’un des angles de chaque quartier se trouve l’indication des genres qu’il renferme. Chaque espèce est représentée par deux pieds, dont l’un porte une étiquette indiquant le nom scientifique, le nom indigène, s’il y en a, et le plus souvent aussi la provenance de la plante. Vu le grand nombre de plantes grimpantes des pays tropicaux, Teysmann a eu l’heureuse idée de les localiser dans une partie spéciale du jardin, où elles sont disposées de même d’après leurs affinités naturelles ; partie qui offre un vaste champ à d’intéressantes observations. Au total, les plantes herbacées comprises, le nombre des espèces est d’environ 9,000. Au milieu du jardin, se trouve une rangée de pépinières, où l’on cultive les jeunes plants, en partie sous des abris qui les protègent contre l’ardeur du soleil ou contre l’effet nuisible des pluies battantes. Quelques plantes réclament des soins spéciaux, notamment un certain nombre de fougères, d’aroïdées et d’orchidées ; elles sont placées dans deux constructions qui ressemblent aux serres d’Europe, à cette différence près, qu’à Buitenzorg elles servent à mettre les plantes au frais et non à leur procurer une température plus élevée. Le jardin a ses propres charpentiers pour exécuter de pareilles constructions ; petit détail qui cependant peut servir à donner une idée de l’échelle sur laquelle tout est organisé. Le personnel indigène se compose d’une centaine d’individus, parmi lesquels il y a trois employés ayant des connaissances botaniques spéciales, beaucoup plus approfondies qu’on ne