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déclin, sinon d’oubli complet, du jardin eût été inévitable, sans la présence de l’énergique Teysmann. Plus les temps furent difficiles et plus il déploya ses rares qualités, dans l’intérêt de l’institution à laquelle il se sentait attaché pour la vie. Voyageant beaucoup dans tout l’archipel, il ne cessa d’envoyer des plantes et des graines à Buitenzorg. De retour, il était constamment sur la brèche, luttant pour les intérêts de son jardin, et ne redoutant pas même les conflits avec son chef militaire ; conflits, il faut le dire, assez fréquens.

Le résultat de cette ligne de conduite fut pour lui la publication en 1864, avec l’aide d’un assistant, Binnendijk, arrivé à Java en 1850, du troisième catalogue du jardin, dans lequel le nombre des espèces en culture permanente dépasse déjà huit mille.

Enfin, en 1868, la longue période des vicissitudes se trouve close. Le jardin redevient institution scientifique de l’état, avec un directeur et un budget spéciaux, et une entière indépendance des intendans du palais, avec lesquels il n’existe plus, depuis lors, que des rapports de bon voisinage. Ce retour à l’organisation primitive était dû aux instances de Teysmann, qui, lui-même, resta en relation continue avec le jardin par de nombreux envois de graines et de plantes récoltées lors de ses voyages dans les parties les plus éloignées des possessions néerlandaises. Le gouvernement nomma directeur le docteur Schefler, de l’université d’Utrecht, élève de Miquel, l’auteur de la Flore des Indes néerlandaises. Le nouveau directeur commença ses recherches scientifiques dès son installation à Java. Quelques années plus tard, il obtint du gouvernement une subvention spéciale pour la publication d’un recueil scientifique intitulé : Annales du jardin botanique de Buitenzorg. Pendant la direction du docteur Scheffer, deux changemens de grande importance eurent lieu. Les collections du service des mines, installées dans un grand musée en face du jardin, furent transférées à Batavia, et le gouvernement céda le grand bâtiment au jardin botanique pour l’installation de l’herbier, des collections et de la bibliothèque. La seconde mesure, non moins importante, fut la fondation, en 1876, d’un jardin et d’une école d’agriculture ; la dernière supprimée depuis. L’extension considérable donnée au jardin aurait dû aller de concert avec une augmentation du personnel scientifique. On eut le tort de ne pas le comprendre, et le docteur Scheffer resta seul jusqu’à sa mort, survenue à l’âge de trente-six ans, en 1880. Ce qui advint après la mort du docteur Scheffer n’est pas encore du domaine de l’histoire. Aussi, contentons-nous de jeter un coup d’œil rapide sur l’organisation actuelle du jardin.