Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 97.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tant soit peu complet de l’énorme quantité de plantes vasculaires distribuées à la surface de notre globe. Ensuite, et c’est là un argument plus grave, les conditions offertes dans les jardins aux végétaux introduits sont souvent, trop peu naturelles, pour que l’on puisse considérer les plantes exotiques cultivées comme fournissant des termes de comparaison sûrs, dans les recherches scientifiques telles qu’on les comprend de nos jours. Trop de plantes, dans des conditions trop peu normales : telles sont, résumées en quelques mots, les critiques que l’orateur adressait aux jardins botaniques.

Ces institutions, attaquées en si haut lieu, n’ont pas manqué de défenseurs. Tout en reconnaissant le bien fondé d’une partie des critiques avancées, on a fait remarquer qu’on variant quelque peu d’objectif, en s’attachant plus que par le passé à l’adoption d’un plan commun, les jardins botaniques de l’Europe éviteraient aisément la déchéance dont ils étaient menacés. Mais nous n’avons pas à prendre parti dans le différend, par la raison que les jardins botaniques tropicaux sont ici hors de cause, et c’est le fait que nous aurons à mettre en évidence dans les pages suivantes.

Le nombre des jardins botaniques situés dans la zone intra-tropicale est beaucoup plus grand qu’on ne le pense généralement. D’après une énumération récente, il n’en existe pas moins d’une quinzaine dans les possessions anglaises. Dans les colonies françaises, on en trouve à Saint-Denis dans l’île de la Réunion, à la Pointe-à-Pitre dans l’île de la Guadeloupe, à Saint-Pierre dans l’île de la Martinique, à Pondichéry et à Saïgon. L’Espagne en a à la Havane et à Manille, et la Hollande un seul, à Buitenzorg dans l’île de Java. Il y a encore des jardins botaniques tropicaux dans l’Amérique méridionale, ce qui fait qu’en somme leur nombre total est assez élevé. Cependant, il faut le dire, quelques-uns ne sont pas des jardins botaniques proprement dits, mais plutôt des stations agronomiques ou des jardins d’acclimatation. Il y en a d’autres, toutefois, qui méritent le nom de grands établissemens scientifiques, tout en ne se désintéressant pas de l’agriculture tropicale. Parmi ces derniers il faut citer, sans contredit, en premier lieu, d’après l’ordre chronologique, ceux de Calcutta, de Buitenzorg, à Java, et de Peradeniya à Ceylan.

Le jardin royal de Calcutta a été fondé en 1786, par le colonel Robert Hyd, qui en fut le premier directeur. Dans la liste de ses successeurs, on trouve les noms célèbres de Roxburgh, de Wallich et celui de Griffîth, le plus grand naturaliste de notre siècle dans l’extrême Orient. Actuellement, le jardin de Calcutta se trouve, depuis plusieurs années, sous la direction aussi