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REVUE MUSICALE

Marionnettes et pantomimes. — Le Mystère de Noël, mis en vers, en 4 tableaux, par M. Maurice Bouchor, musique de M. Paul Vidal. — Jeanne d’Arc, de M. Widor, et l’Enfant prodigue, de MM. Michel Carré fils et Wormser.

Nous habitons vraiment une ville réjouissante, et les Parisiens que nous sommes sont parfois de plaisantes gens. Au seul point de vue théâtral, la dernière semaine de novembre n’a pas manqué d’intérêt, encore moins de variété. Le mardi, au Théâtre-Libre, on a vu un bourreau en retraite assassiner une vieille bonne, rien que par nostalgie du sang ; c’était la première pièce. La seconde, c’était une opération chirurgicale ; d’abord les préparatifs : consultation des médecins ; ensuite, le résultat : mort de la patiente (il s’agissait d’un cas féminin). Malheureusement, on n’a pas assisté à l’opération elle-même ; ce sera pour la prochaine fois. Le vendredi suivant, le même public a écouté avec onction et componction le touchant mystère de Noël. Dans la salle du Petit-Théâtre, qui devient décidément quelque chose comme un charmant Guignol pieux, se pressaient, attentifs, attendris, les maîtres du feuilleton léger et de la chronique joyeuse ; dans la coulisse, le poète des Blasphèmes récitait de sa plus belle voix le rôle de l’archange Gabriel. La vie décidément vaut la peine d’être vécue ; le spectacle de notre monde mérite qu’on le regarde, et comme dirait le plus souriant de nos philosophes, qu’on remercie le grand Démiurge qui nous y a conviés.

Connaissez-vous le Petit-Théâtre, ce coin du vieux passage Vivienne, où se cache une salle mignonne, où vivent d’une vie mystérieuse de petits êtres de bois ? Ils ont de beaux vêtemens, des visages immobiles, mais animés, où d’habiles mains ont fixé quelques-unes des expressions sommaires et caractéristiques de la physionomie humaine. L’an dernier, dans une poétique et spirituelle conférence, M. Maurice