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au moyen du bulletin de vote. M. Fenwick, en quelques mots prudens et réservés, fait allusion au côté économique de la question. Un délégué, M. Threlfall, se place au point de vue de la santé publique ; les employés de tramways et de boutique travaillent seize heures par jour ; l’assemblée pense-t-elle qu’ils puissent réussir, sans l’assistance d’une loi, à faire cesser cette exploitation scandaleuse ? M. Burns n’avait pas encore parlé : « Pour moi, s’écrie-t-il, j’ai reçu des 65,000 mécaniciens que je représente ici le mandat impératif de voter le bill des huit heures. Mes amis et moi, avons eu plus d’une fois recours à des tentatives individuelles pour amener à composition les chefs de certaines industries ; nos efforts ont été impuissans, le capital nous a toujours vaincus ; la loi que nous demandons rendra l’unionisme plus fort, et s’il faut aller, pour atteindre notre but, jusqu’à la grève générale ou la guerre civile, je n’ai pas peur. » Ces violences ne semblent pas impressionner l’auditoire ; on réclame la clôture, le président consulte ses collègues, elle est prononcée par 170 voix contre 104. L’amendement Patterson est ensuite repoussé à 8 voix de majorité seulement, 181 contre 173. Le parti avancé salue ce résultat de ses démonstrations enthousiastes. Les vainqueurs agitent frénétiquement leurs cannes, leurs mouchoirs et leurs chapeaux. De formidables hurrahs montent, s’apaisent et reprennent. Le spectacle est vraiment extraordinaire. Ainsi qu’il arrive dans la plupart des corps délibérans, le succès entraîne les hésitans et provoque des défaillances ; la motion Marks est votée par 193 suffrages contre 155.

Les événemens que nous venons de décrire donnaient un intérêt particulier à la séance du lendemain, au cours de laquelle le congrès était appelé à désigner les membres et le secrétaire de la commission exécutive. Dans une réunion privée organisée, le soir du 4 septembre, par M. Burns, les hommes dévoués à sa cause s’étaient juré de n’accorder leurs bulletins qu’à des partisans de ses doctrines. La lutte allait continuer entre les deux fractions de l’assemblée. En attendant, on discute avec calme une proposition relative à la salubrité des ateliers : toute personne désirant ouvrir un établissement de ce genre devra faire connaître par écrit ses intentions à l’inspecteur en chef et lui fournir les informations les plus complètes sur l’industrie qu’elle se propose d’exploiter, sur les arrangemens intérieurs de l’édifice et sur le nombre d’ouvriers qui y seront employés. À la réception de cet avis, le fonctionnaire enverra, dans les six jours, un médecin procéder à une visite sanitaire. Ce dernier s’assurera que les ateliers ont suffisamment d’air et de lumière, que la ventilation y est bonne et que chaque travail-