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choses, il oppose la sécurité qu’offre le maniement des engins de la navigation à vapeur, avec son personnel de mécaniciens brevetés. La réunion adopte ses conclusions, se prononce ensuite pour la nomination d’ouvriers techniques aux emplois d’inspecteurs des chemins de fer et revendique, en faveur des matelots, une place dans les tribunaux maritimes.

Restait à l’ordre du jour de la séance la discussion sur les bureaux d’arbitrage dans les conflits entre le capital et le travail. Chose étrange ! bien que les plus notables délégués fussent venus témoigner de l’efficacité de ces comités mixtes, l’assemblée paraissait sourdement hostile. Elle semblait nourrir de secrètes préférences pour la force, appuyée, bien entendu, par les ressources des associations. À en croire M. Burns, il fallait imiter l’exemple des frères de Londres, qui avaient décliné, lors de la grève des docks, toute assistance extérieure. Il aurait été facile de lui répondre en rappelant l’intervention acceptée du cardinal Manning, l’action ostensiblement favorable aux grévistes de ce prélat, et, si les faits n’eussent été postérieurs, le congrès de Liège et la sollicitude empressée que le clergé catholique y témoignait aux populations ouvrières. On vote, et la moitié des membres s’abstient. 175 voix seulement contre 25 osent rendre hommage au principe de la conciliation. Les conseils locaux des unions sont invités à s’entendre, pour la préparation d’un projet, avec les chambres de commerce et les fédérations de patrons.

Enfin le jour se lève sur la quatrième réunion de l’assemblée. De toutes parts, on l’attendait avec la plus vive curiosité ; les représentans unionistes allaient faire connaître à l’Angleterre et au monde leur avis sur la question palpitante des huit heures légales. Les délégués arrivent lentement en séance ; ils semblent nerveux et préoccupés. C’est par la question préalable qu’ils repoussent une proposition à laquelle il y avait lieu de penser qu’ils accorderaient quelque faveur, la création d’une bourse de travail semblable à notre établissement parisien ; puis un grand silence s’établit, et M. Marks, de Londres, donne lecture d’une résolution portant que, dans l’opinion du congrès, le moment est venu de limiter à huit heures la journée de tous les métiers, au moyen d’une loi émanant du pouvoir législatif. Il commente sommairement son projet et n’a pas plus tôt fini de parler qu’un délégué des mineurs du Durham, M. Patterson, lit à son tour l’amendement suivant : « Le congrès croit qu’il est de la plus haute importance que la réforme dont il s’agit soit appliquée à celles des professions qui la réclameraient, après entente à cet égard avec les membres de leurs corporations ; mais il estime que c’est à lui seul qu’il appartient de poursuivre la