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lèvent vigoureusement ces insinuations, et l’assemblée, s’associant à leurs protestations indignées, repousse l’amendement Mac-Donald par 263 suffrages contre 55 ; elle ne pouvait pas démontrer plus clairement le peu de cas qu’elle faisait des enfantillages du parti avancé.

Nous sommes arrivés à la troisième journée du congrès. Soucieuse de réprimer les tentatives de désordre, la commission du règlement demande, dès le début, que le temps des orateurs soit limité ; dix minutes seront accordées à l’auteur d’une proposition pour la développer, cinq seulement aux délégués, pour en appuyer ou en combattre les conclusions. Les membres qui refuseraient de se soumettre à l’autorité présidentielle seraient, comme au parlement, désignés par leurs noms (named) et suspendus pour le reste de la séance. Le projet de résolution est évidemment dirigé contre les chefs des nouveaux unionistes. Ils s’en rendent compte et s’opposent de toutes leurs forces à l’adoption d’une mesure assurément préjudiciable à l’éloquence indisciplinée de certains d’entre eux. Elle n’en est pas moins votée par 249 voix contre 13, et après ce troisième échec de M. Burns et de ses amis, l’assemblée passe à l’ordre du jour. Elle condamne, en premier lieu, le système d’amendes en vigueur dans la plupart des ateliers. Un membre affirme qu’il pourrait citer des usines où les patrons ont élevé à la hauteur d’une science la pratique de ce genre de punition. On aborde bientôt le sujet plus important des adjudications et des contrats en matière de travaux publics ; les erremens actuels des municipalités et de l’État sont aussi nuisibles aux travailleurs qu’à l’intérêt général bien entendu. Que se passe-t-il à la création d’une grosse affaire ? L’administration met en circulation une échelle de prix raisonnables, sollicite des preneurs, mais ne traite qu’avec l’industriel qui propose le plus fort rabais. Dans ces conditions, les ouvriers habiles sont nécessairement exclus du chantier, car la réduction consentie par le soumissionnaire est trop considérable pour qu’ils puissent être embauchés à un taux rémunérateur. À cet égard, le congrès est unanime, ce sont là de mauvaises méthodes qu’il faut changer : avilissement des salaires, infériorité de l’ouvrage et des matériaux, voilà les conséquences du système. La discussion se prolonge et il n’est que juste de reconnaître le talent et la compétence dont on fait preuve sur tous les bancs. En sa qualité de membre du conseil du comté de Londres, M. Burns apporte à ses collègues le secours de son expérience ; selon lui, la capitale dépenserait chaque année 600,000 livres sterling en travaux, somme énorme où l’ouvrier n’aurait qu’une part dérisoire. Finalement, la réunion enjoint à la commission exécutive de demander qu’aucune entreprise publique ne puisse dorénavant être