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qui porte aujourd’hui le nom d’El-Djem. Là s’élèvent les murs d’un amphithéâtre colossal démontrant combien cette partie de l’Afrique a jadis été florissante. Quelles mains ont pu produire tant de nobles ruines, ruines partout fréquentes en pays musulmans? Les Arabes, aussi bien en Tunisie qu’en Algérie, n’ont laissé que décombres, et la dent de leurs troupeaux a transformé en déserts les pays les plus fertiles de la terre.

Gafra devra plus tard être reliée à Kairouan par une voie ferrée, et peut-être alors la vie et l’abondance y reviendront-elles. On aura une idée de ce que fut autrefois cette région en traversant les villages de Djelma, Sbeitla, Kosserine et Ferriana, jadis de grandes et belles villes romaines. De Gafra, le chemin de fer se développera forcément jusqu’au Djérid, y desservant de belles oasis riches en dattiers, palmiers et oliviers ; du Djérid à Sfax et Gabès, et plus loin encore, à Bograva, la Gyptis des anciens. Il ne restera plus qu’à combler le vide qui se voit sur la carte lorsqu’on a tracé la ligne projetée entre Tunis et Gabès et la ligne en exploitation de la première de ces villes à la frontière algérienne. Ce vide est formé par la vaste étendue qui va de Tunis à la ville du Kef, poste militaire situé à 755 mètres d’altitude et marché des tribus du centre montagneux de notre protectorat. Le tracé préféré par la direction des travaux publics serait celui qui traverserait la plaine du Kef et se développerait sur les plateaux qui bordent les vallées hautes de l’Oued-Tassa et de l’Oued-Siliana, d’où il pénétrerait dans la vallée supérieure de l’Oued-Miliane. « Établie sur presque toute sa longueur en terrain facile, cette ligne desservirait les belles plaines des Zouarines, de Sers, du Bled-Ghorfa, du Bled-Siliana, du Fahs-el-Riah, toutes régions qui, par la nature du sol, les conditions climatologiques et hydrologiques, se classent parmi les plus riches du territoire. Commencé par la vallée inférieure de l’Oued-Miliane, où la colonisation s’est développée d’une manière remarquable, elle serait prolongée au fur et à mesure de la marche de la colonisation pour aboutir finalement au Kef. »

Tels sont les projets de la direction des travaux publics en Tunisie. Pour qu’ils se réalisent, il ne faudrait que peu d’argent et des capitalistes avisés.


XV. — L’INSTRUCTION PUBLIQUE, LES COLLÈGES FRANÇAIS, MUSULMANS ET ISRAÉLITES.

Il est important d’être éclairé sur ce que nous avons obtenu en Tunisie en dehors d’une colonisation n’ayant pour objectif que la culture de la vigne, l’exploitation des mines et de ces carrières de Schemton d’où les Romains tiraient leurs marbres jaunes de Numidie.