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l’importation en France des marchandises de provenance étrangère, toute combinaison de prix dont l’effet pourrait être d’altérer les conditions économiques résultant de notre régime douanier, sous la seule réserve que les marchandises qu’ils visent ne soient pas importées en France à plus bas prix par d’autres voies de transport. »

Une enquête fut, en 1884, ordonnée par le ministre des travaux publics. Mis au pied du mur, en demeure de sortir des banalités et de signaler les tarifs dont on avait à se plaindre, les déposans étaient rares; et, malgré des rappels réitérés, les dépositions motivées n’arrivaient pas. On ne peut guère signaler qu’un rapport de 1885 de la chambre de commerce de Paris, dont un des membres les plus autorisés formulait, avec autant de compétence que de précision, quelques griefs bien déterminés. Nous les examinerons dans un instant, ceux du moins qui regardent la compagnie de Lyon. Pour les autres, nous manquerions de compétence : ne forçons point notre talent...

Plus tard, la grande enquête ordonnée en 1890 par le ministère du commerce, à propos du régime douanier à adopter en 1892, le questionnaire adressé à toutes les chambres de commerce, à toutes les chambres syndicales, a donné à quelques-unes d’entre elles, dans leurs réponses à la question n° 7, l’occasion de formuler quelques revendications précises, appuyées sur des chiffres parfois erronés, mais du moins explicitement formulés.


Il est bien vrai, a-t-on dit, que les voies d’eau concurrentes aux chemins de fer font pénétrer en France, et à meilleur marché qu’eux, un certain nombre de produits étrangers qui viennent concurrencer les nôtres, mais ce n’est pas une raison pour que les compagnies de chemins de fer agissent dans le même sens ; les chemins de fer qui sont un service public,.. ces puissantes compagnies,.. le monopole,.. L’oligarchie financière, etc. Laissons de côté cette phraséologie un peu bien surannée pour entrer dans le vif de la question.

Les compagnies de chemins de fer font leurs transports à des prix plus élevés que les voies navigables concurrentes. On le reconnaît, mais cela ne suffit pas; elles transportent, dit-on, les produits étrangers à meilleur marché que les produits similaires français, et non-seulement, en le faisant, elles détruisent les barrières artificielles constituées par les droits de douane ; mais, en supprimant les distances, elles abaissent les barrières naturelles géographiques.

Voilà une formule nette d’accusation: formule fausse, heureusement,