tière une augmentation proportionnelle sur les prix convenus. Les ventes de récoltes de vignes sur pied se pratiquent assez couramment aujourd’hui ; mais avez-vous vu ces achats s’opérer en avril, six mois avant la récolte qui aura à supporter d’ici là les chances de gelée, coulure, grêle, mildew, et alors que l’acheteur ignore, comme le vendeur, si le grand fabricant de vin, le soleil, travaillera pour eux, leur fournira quantité et qualité ?… Il serait intéressant que quelqu’un voulût bien expliquer en quoi le commerce des fromages diffère du commerce des blés, des huiles, des vins, du drap, de la toile, du beurre ou du chocolat. Je ne pense pas que jamais producteur ou vendeur aient été plus débonnaires que notre fruitière jurassienne ; que jamais négociant ait eu assez d’audace pour imposer ses conditions, toujours acceptées d’ailleurs. »
Conclusion : les paroles sont femelles et les écrits sont mâles ; si l’on trouve beaucoup d’acheteurs loyaux et solides, il en est qui regardent le commerce comme l’art d’abuser du besoin que quelqu’un a de quelque chose, qui pratiquent la politique du coucou, et n’hésitent point à faire du cuir d’autrui large courroie. Plus de conventions verbales, mais des marchés fermes, bien et dûment écrits, sur produits fabriqués et appréciables, vendus au cours du jour. Supprimez pour les uns les chances de baisse, pour les autres les chances de hausse, déterminez de suite les rebuts, les conditions de prix, de pesage, de livraison, vous ferez disparaître les causes de discussion et de perte. Mieux encore. Les administrateurs de l’école de Mamirolle ont décidé l’an dernier que les fromages seraient mis en adjudication sur soumission cachetée. La tentative semblait hardie, puisqu’elle allait à l’encontre des habitudes du commerce : elle a pleinement réussi : en mai dernier, huit amateurs se présentaient pour la production de mars et d’avril. M. Cuisenier, de Besançon, a été proclamé adjudicataire au prix de 85 francs les cent livres, le chiffre le plus élevé qu’on ait obtenu depuis quinze ans. L’école de Mamirolle qui traite aujourd’hui 6 000 litres de lait, et fabrique douze fromages par jour, commençait il y a deux ans avec 200 litres.
II.
Entrons dans un chalet modèle et visitons-le attentivement : l’examen du local, du matériel, de l’outil fait mieux comprendre le travail de l’homme.
La lumière et la ventilation sont assurées dans toutes les pièces ; le sol cimenté, briqueté ou dallé ; partout une pente de 1 à 2