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les vignobles d’Utique, de Sidi-Tabut, de Djeideida, Chouiggni, Bordj-Touin, Oued-Zarga et Souk-el-Khemir; 5° le groupe de Zaghouan dans une plaine argileuse, couverte de lentisques où de profonds défoncemens sont nécessaires; 6° enfin le groupe de l’Enfida, planté dans des argiles souples, parfois sablonneuses, et dans des terres ferrugineuses et siliceuses, et possédant déjà un vaste cellier, le premier établissement de ce genre qui ait été construit en Tunisie.

L’avenir viticole de la régence prend une telle importance qu’on ne peut lire sans intérêt les conclusions lumineuses du rapport de l’éminent agronome : « Il se dégage un double fait de mes travaux : d’abord, l’extrême abondance des terres propres à la culture des vignes dans les meilleures conditions d’économie. Partout la charrue peut être employée, tant pour la préparation des terres, le défonçage, que pour la culture proprement dite. Les terres en coteaux offrent des pentes douces, développées dans de longues vallées larges et ouvertes; elles équivalent, comme facilité de travail, aux terres de plaine. C’est donc à bon droit que l’on a dit que la Tunisie offrait un milieu presque partout favorable à la création des vignobles. Jusqu’ici la colonisation s’est portée sur les sols défrichés, qui permettaient à moins de Irais l’établissement des plantations; mais dans les parties boisées de lentisques ou parsemées de jujubiers sauvages, que de belles positions à prendre au prix d’un surcroît d’efforts ! Or le défrichement de ces dernières terres est infiniment moins coûteux que celui de bien des coteaux péniblement mis en valeur en Algérie. Le lentisque et même le jujubier sont, d’autre part, des obstacles faibles, si on les compare au palmier nain des terres si fertiles de l’Oranais. En second lieu, l’entrain admirable des colons qui ont apporté dans ce pays leur énergie et leurs capitaux. Ce n’est pas en Tunisie que l’on pourrait trouver des argumens pour démontrer notre inaptitude à la colonisation, thèse soutenue avec une