il est vrai, est plus pénétrante que fine, et se compose, à doses presque égales, de trivialité, de gros bon sens, de bonhomie goguenarde, d’humeur frondeuse et de gaîté physique.
Dans un morceau intitulé les Ministres wallons et le Hareng salé, il fait ressortir sous une forme trivialement pittoresque l’indifférence des gouvernans d’alors pour tout ce qui vient de Flandre.
« Nos pêcheurs se sont figuré qu’ils avaient décroché la timbale le jour où la première chaloupe est rentrée de la pêche au hareng...
« En Hollande, quand arrive le premier bateau, tout le peuple est sur pied, par centaines, on s’entasse et babille sur le quai, on célèbre le mets national aimé de tous.
« C’est à la cour qu’on en mange d’abord ; les riches l’achètent ; il coûte encore un peu cher et en paraît meilleur. Le roi en mange aussi, et le pêcheur se rengorge, car chacun dit que cela lui fait honneur.
« C’est ainsi qu’on protège l’industrie et qu’on soutient le courage...
« Le pêcheur qui, cette année, nous a apporté les premiers harengs, en a envoyé deux douzaines à nos ministres, tous Wallons et fortes têtes. Mais le pauvre diable n’y a pas trouvé son compte.
« La bourriche arrive à la cour, et nos Wallons la regardent curieusement en se demandant : « Qu’est-ce que cela peut bien être? » Ils tâtent et se disent les uns aux autres : « Je voudrais bien savoir ce qu’il y a là dedans ? »
— A coup sûr ce sont des betteraves, dit l’un, je l’espère du moins! A moins que ce ne soit du fromage de Marolles ou de la pierre de taille.
— C’est très chic, s’écrie-t-on. Ouvrez bien vite, Dieu sait si ce n’est pas mieux encore : peut-être de l’oignon.
…………………….
Ils regardent et s’écrient : « Qu’est-ce que cela? Si nous l’entendons bien, ce n’est pas un produit de notre pays. »
Et on renvoie au malencontreux pêcheur son panier de hareng, sans même avoir l’attention de payer le port.
Tout cela est bien vulgaire. Mais la petite bourgeoisie flamande, pour laquelle écrivait Van Ryswyck, n’eût pas compris d’autres idées ni un autre langage.
La polka, qui venait d’être importée de France, faisait alors fureur ; le poète, aussitôt, compare la marche du gouvernement belge à celle d’un polkeur.
« Un pas en avant et deux en arrière... Paris a-t-il la prétention de nous apprendre cette danse-là?.. Vous vous trompez, messieurs