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TROIS POETES FLAMANDS


I.

Nous nous souvenons d’avoir lu, dans une encyclopédie publiée en France il y a quelque trente ans, cette phrase dédaigneuse : « Quand les Pays-Bas existent, ils prétendent avoir une littérature moitié en flamand, moitié en hollandais. »

Il y a, certes, aujourd’hui en France deux ou trois douzaines d’érudits qui se font une idée un peu plus juste et plus complète de la littérature néerlandaise, pour l’appeler du nom qu’on lui donne actuellement. La phrase citée n’en résume pas moins admirablement les connaissances et le jugement du public. Nous ne songeons guère, du reste, à nous en étonner, encore moins à nous en indigner. Il faut bien que les petits pays paient d’une façon ou d’une autre la rançon de la vie douce et calme dont on y jouit.

Dans le cas des Pays-Bas, l’ignorance et l’indifférence de l’étranger à l’égard de la façon dont on y pense, dont on y sent et dont on y écrit, est doublement explicable. Placés au confluent de trois grandes civilisations, la leur les a reflétées tour à tour pour ce qui concerne les grandes idées et les sentimens généraux. On ne se donne pas la peine d’apprendre une langue aussi difficile que peu répandue pour retrouver, sous une forme affaiblie, ce qu’on connaissait déjà. Quant aux productions vraiment originales de la littérature hollando-flamande, elles ont un caractère si local, si intime, qu’il serait assez difficile à un Parisien ou à un Berlinois, par exemple, de s’y intéresser.

Au moyen âge, toute la vie littéraire de ce coin du nord-ouest