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l’émission avait été autorisée, mais n’était pas encore effectuée. Le ministre des finances a jugé à propos d’anticiper, en ce qui concerne les 80 millions d’obligations sexennaires, échéant le 1er septembre, l’effet de la future émission de l’emprunt de 700 millions. Au lieu de créer de nouvelles obligations, le ministre a préféré couvrir ses besoins temporaires d’argent par la délivrance de bons du Trésor facilement négociables au-dessous de 3 pour 100, et qui seront remboursés dans trois ou six mois sur les produits de l’emprunt.

L’opération a été sagement conçue. Elle a eu, de plus, pour résultat de mettre en circulation, à l’heure même de la liquidation, un stock considérable de capitaux cherchant emploi ; elle a continué, accentué l’œuvre si résolument accomplie depuis octobre dernier par les achats de rentes pour les caisses d’épargne.

Ainsi, facilités imprévues offertes par le Trésor à la place, avilissement du taux des reports, déroute du découvert, telles sont les facteurs qui ont aidé la spéculation à porter en un mois la rente 3 pour 100 de 92.50, à 96.50, mouvement qui s’est opéré en quelque sorte automatiquement et sans aucune interruption, avec l’accompagnement, du reste, d’une véritable révolution dans les prix de bon nombre de valeurs et de la plupart des fonds étrangers.

Cet élan vers la hausse a été en instant enrayé au cours de la seconde quinzaine de septembre. Le 3 pour 100, qui avait été porté à 96.50, a été ramené brusquement d’un point en arrière, sur le bruit qu’une grande compagnie d’assurances, en présence de cours inespérés, avait résolu d’aliéner son stock de rentes. Les offres se sont alors montrées au comptant, et une réaction d’une certaine étendue paraissait aussi probable qu’elle eût été judicieuse et salutaire pour l’avenir du marché, lorsque de nouvelles demandes ont surgi qui ont effacé en une seule bourse toute trace du mouvement rétrograde. Le vendredi 12, le 3 pour 100 se trouvait de nouveau porté à son niveau le plus élevé, 96.40.

L’amortissable a été naturellement entraîné dans l’essor de la rente perpétuelle, mais à mesure que les deux fonds se rapprochaient du pair, l’écart qui existe entre leurs prix a progressivement diminué ; il n’est plus aujourd’hui que de 50 centimes. Aussi depuis la liquidation de fin août, le premier fonds a-t-il monté d’une unité, tandis que le second est resté immobile. Le 4k 1/2 est de même sans changement à 106.50. Un coupon trimestriel de 0.75 devant être détaché le 16 courant sur le 3 pour 100, le prix de ce fonds ressort dès maintenant à 95.50 et tendra à s’établir à 96 ex-coupon.

Les consolidés anglais, en réaction depuis quelques jours, ont perdu ce même cours de 96. Il est vrai que la rente britannique n’est plus que de 2 ¾ pour 100, mais quelque confiance que puisse inspirer